Ryôichi Takasago fait le même cauchemar depuis une dizaine de jours... Il est dans une barque qui traverse un plan d'eau constellé de cadavres. Il s'approche d'une très belle adolescente à la longue chevelure noire qui gît dans cette eau calme. Tout à coup, elle ouvre les yeux et elle devient un monstre horrible qui essaie de l’avaler... Ce rêve est si prenant qu'il hurle dans son sommeil, jusque dans la salle de classe où il s'est assoupi.
Le lendemain, Ryôichi est vraiment surpris quand il voit la fille de ses cauchemars apparaître devant lui. Kikuko vient d’arriver à Tokyo et elle intègre sa classe de seconde. Elle est magnifique et dégage une aura mystérieuse. Étrangement, les filles comme les garçons sont charmés. Tous, sauf Ryôichi qui ne peut s'empêcher d'être méfiant envers elle.
Il passe encore une nuit agitée par un nouveau cauchemar où Kikuko agresse un vieil homme dans un karaoké. En rentrant du lycée, il reconnait justement cet homme qui déambule, hagard, dans une ruelle de son quartier. Il ne peut s'empêcher de le suivre discrètement jusqu’à ce que l’homme reprenne ses esprits en voyant Kikuko. Et se saisissant d'un parpaing, il la frappe d'un grand coup sur la tête, sous les yeux interloqués de Ryôichi...
Outre cette jeune fille et ses agissements plus qu'étranges, plusieurs autres événements inhabituels se produisent à Tokyo. Personne ne fait le rapprochement entre eux. Personne à part Kuzumi, un chercheur fasciné par les insectes. Il attendait avec impatience - et presque envie - ces phénomènes, car il avait compris que quelque chose progressait vers Tokyo.
Masaya Hokazono a construit une intrigue très contemporaine sur le thème du changement climatique et de l'adaptation nécessaire des êtres qui vivent à la surface de la Terre. Il distille ses indices avec parcimonie dans ce premier tome, on ne sait pas encore bien ce qui va se produire, ce qui est bien compréhensible dans un premier tome qui installe l'intrigue. Alors, que penser des cauchemars de Ryôichi ou des propos apocalyptiques de Kuzumi ? Sont-ils prémonitoires ? Car, aussi dangereuse soit-elle, Kikuko semble plus curieuse de la vie des homos sapiens qu’un être belliqueux.
Pour son premier passage au manga, j'ai été convaincu par les planches de Yu Satomi. Les dessins sont fins et précis, tout comme les visages des principaux protagonistes qui sont remarquables. Surtout, ces images portent très bien l'ambiance du récit. Même quand Kikuko est présentée sous son meilleur jour, son regard dégage une impression mystérieuse parfaitement accordée avec le scénario.
Nuisible est donc une première collaboration (et un premier tome) réussie sur une intrigue de science-fiction contemporaine. J’ai hâte de découvrir les réelles motivations de Kikuko dans les prochains tomes.
