Gwendolyn Bloom est une ado de dix-sept ans qui tente de survivre dans son école pour la crème de la crème new-yorkaise. Son père est diplomate et sans arrêt en voyage. Sa mère est malheureusement décédée quelques années plus tôt. Tout ce qu'elle veut, c'est avoir une vie normale de gamine.
Jusqu'à la disparition de son père. Passé à l'ennemi comme le laissent sous-entendre ses anciens collègues ?
The cruelty est un thriller pour adolescents mettant en scène une des leurs dans notre monde, cruel et impitoyable. Quand j'entame ce genre de roman, j'ai souvent quelques appréhensions ou au moins quelques attentes. Premièrement, pour mes nerfs, que l'héroïne ne soit pas trop pleurnicharde, deuxièmement, puisqu'il y a pas mal de voyages en Europe, que ce livre ne soit pas le guide cliché du touriste américain sur le vieux continent et, enfin, que le comportement des acteurs soit un minimum vraisemblable.
Dans ce Taken aux rôles inversés, mes espérances sont moyennement atteintes. Gwendolyn est solide, ne s'apitoie pas trop sur son sort et agit. Elle tombe plutôt dans l'excès inverse en accomplissant toute une série d'actions qui me semblent bien au-delà de la portée d'une enfant de son âge. L'excuse utilisée de la fille de diplomate qui a bourlingué à travers le monde ne prend pas. Ces gens ne se mêlent pas vraiment à la population commune locale, n'est-ce pas ? Certains passages laissent même penser que le rôle devait être prévu pour un personnage plus âgé dans une des premières versions de ce texte.
Malgré ce défaut de construction de personnage, Gwendolyn est vite attachante. Bergstrom le veut et utilise les grosses ficelles pour. Sans être originale, son côté aventurière urbaine est sympa à suivre.
Ensuite, l'action se déroule surtout à Paris, Berlin et Prague. Ca doit donner un aspect exotique à un roman américain pour jeunes lecteurs. Si l'auteur n'abuse pas, honteusement, des clichés les plus poussifs sur ces villes, elles sont toujours remplies de criminels, manquent de personnalité et sont tout à fait interchangeables. Bergstrom aurait pu prendre Madrid, Bruxelles et Moscou, ça n'aurait rien changé au récit. Toutefois, si l'ambiance nocturne et urbaine est bien rendue, il y a un détail qui choque assez vite. Le livre est édité en 2017, comme moi, vous devez vous promener en ville de temps en temps. Que croise-t-on à chaque coin de rue ? Des policiers et des militaires en armes, les grands absents de The cruelty, ce qui rend l'histoire de Gwendolyn beaucoup plus facile. Vous l'aurez compris, question réalisme, on n'y est pas vraiment.
Sur la forme, Bergstrom nous propose son premier roman, initialement auto-édité. Si, globalement, son travail est prenant et nous pousse à tourner les pages toujours plus vite et toujours plus loin, il souffre de quelques problèmes.
Outre le fait que je déteste quand un éditeur francophone ne traduit pas un titre anglais et une orthographe allemande de qualité variable, le style d'écriture est basique. Quelques descriptions m'ont laissé perplexe et la construction du scénario est remplie de raccourcis faciles. Ce qui peut être une bonne chose : on ne perd pas son temps, on file à l'essentiel, on garde un tempo élevé ; comme un point négatif qui renvoie à la vraisemblance de ce texte : c'est si facile que ça de voyager pour une mineure d'âge ? Dans une ville où j'ai mis les pieds lorsque j'avais dix ans, je sais tout de suite à qui m'adresser pour avoir un rendez-vous avec le baron du crime local ? Jusqu'à une fin qui, elle, aurait dû être raccourcie au lieu d'être artificiellement prolongée pour la rendre totalement prévisible.
Mais bon, si on ne creuse pas, The cruelty de Bergstrom est un ouvrage divertissant, accrocheur et qui se laisse lire avec plaisir.