En 1945, Claire Randall profite de quelques vacances bien méritées en Écosse. Infirmière durant la guerre, elle tente de se rapprocher de son mari, Frank, duquel elle a été séparée pendant plus de six ans. Ce dernier s'éclipse souvent pour se livrer à sa passion : la généalogie. Au grand désespoir de Claire, il redouble d'excitation en apprenant qu'un de ses ancêtres, Jonathan Randall, était à la tête d'une garnison anglaise à Fort William, au XVIIIe siècle. Claire est donc souvent seule et en profite pour explorer la région de son côté. Alors qu'elle se promène près d'un cercle de menhirs, elle se retrouve happée par une force mystérieuse et réapparaît en 1743.
Elle doit alors lutter pour survivre au milieu des intrigues politiques et loin du confort moderne. Pourchassée par l'aïeul malveillant de son cher et tendre, otage du clan MacKenzie, comment va-t-elle bien pouvoir rentrer chez elle ?
Ce premier tome de la série Outlander, adaptée avec succès au petit écran, nous plonge d'emblée dans un univers aussi coloré et pittoresque qu'hostile et violent. L'écriture de Diana Gabaldon est fluide et fourmille d'indices historiques conférant une atmosphère profonde et cohérente au récit. Ayant vécu et étudié l'histoire un an en Écosse durant ma jeunesse, j'ai eu plaisir à retrouver certains lieux et événements incontournables des Highlands. Le récit de Gabaldon s'intègre en effet dans un contexte politique on ne peut plus passionnant pour les amateurs d'histoire : le conflit entre catholiques et protestants, entre les partisans des Stuart en la personne du fameux Bonnie Prince Charlie et les partisans de la maison de Hanovre et du roi George II. Les conflits territoriaux et familiaux entre clans ont aussi leur rôle à jouer dans l'intrigue. Tous ces aspects historiques n'ont pas besoin d'être connus du lecteur pour enrichir le roman. Il s'agit bel et bien d'une toile de fond, où évoluent les personnages, qui vivent leurs aventures et ont leurs propres problèmes à gérer, parfois en lien mais souvent déconnectés de cet horizon politique.
Nous suivons ainsi le personnage de Claire et son adaptation à la vie écossaise du XVIIIe siècle. Ses compétences d'infirmière, acquises au XXe siècle, sont un ressort narratif bien trouvé pour indiquer pourquoi elle est précieuse pour les personnages qu'elle rencontre initialement. Dès le départ, les nombreuses péripéties qu'elle vit sont donc empreintes d'une aura de crédibilité. L'héroïne est attachante : altruiste, charitable et surtout sacrément têtue. Elle n'agit pas toujours au mieux, ce qui lui éviter de tomber dans le cliché de l'héroïne trop belle pour être vraie. J’émettrais toutefois un léger bémol : j'aurais souhaité que certaines de ses motivations soient mieux explicitées car il n'est pas toujours évident de comprendre ce qui la pousse à faire certains choix, cruciaux pour le récit.
La palette de personnages secondaires est bien campée. On regrette même de ne pas passer plus de temps avec certains d'entre eux. Sans trop en dévoiler, le personnage principal masculin est noble et charmant. Là aussi, on ne tombe pas dans l'excès : il reste un homme du XVIIIe siècle avec des valeurs suffisamment traditionnelles pour être crédibles mais pas au point de le rendre antipathique. Cet équilibre tient assez bien dans l'ensemble – même s'il lui arrive de passer pour un mufle.
En revanche, sur le plan des mœurs, je dois avouer que je n'imaginais pas les Écossais du XVIIIe siècle aussi portés sur la chose en public. Je ne suis pas particulièrement prude mais les scènes ou allusions sexuelles sont tout de même assez nombreuses et souvent assez crues. Gardez donc cela à l'esprit si vous prévoyez de lire dans des transports en commun surpeuplés. Ce sont les seules scènes qui m'ont semblé mal écrites car trop cliniques.
L'intrigue sentimentale en elle-même est plaisante même si elle ne comporte rien d'inédit dans son déroulement. C'est peut-être un autre reproche que l'on pourrait adresser au livre : mettre au second plan les éléments fantastiques, historiques, politiques... et même psychologiques – le fait de voyager dans le temps, ce n'est pas rien tout de même ! – pour se focaliser sur une histoire d'amour somme toute assez banale.
Le volume est épais (il est également paru coupé en deux en français) mais seuls quelques chapitres offrent des répits salvateurs au lecteur, les aventures s'y enchaînent à un rythme fou. Si ce sont les voyages temporels qui vous intéressent, d'autres livres vous combleront sans doute davantage. En revanche, si vous aimez l’Écosse et les aventures, vous serez servi. Et si vous adorez les histoires d'amour, les beaux (roux) ténébreux et les damoiselles en détresse, alors foncez !