Lilian, jeune femme charmante, se sent menacée par un certain Blackway. Celui-ci est le criminel le plus connu de cette bourgade au fin fond Vermont aux États-Unis. Elle fait appel au shérif Ripley Wingate. Celui-ci lui dit que tant que Blackway n'a rien fait, il ne peut pas intervenir. Il la redirige donc vers Whizzer, un ancien bûcheron qui pourra peut-être trouver la solution grâce à l'aide de ses acolytes.
Et c'est donc là que ce petit roman commence réellement. Lilian est embarqué dans une histoire de manipulation et de revanche malgré elle. Lester, un vieux malicieux, et Nate, un jeune costaud qui n'est pas très avancé intellectuellement, essaieront de retrouver Blackway pour qu' il cesse enfin de chercher des noises à Lilian. Ils y arriveront à leur façon, au coin de la rue, à travers les bois, dans les bars clandestins et les repères de camés.
C'est avec peu d'entrain que je vous parle de ce petit livre de Castle Freeman Junior. Je l'ai en effet peu aimé car je me suis ennuyé tout au long de ma lecture. Lecture rapide certes, mais ô combien quelconque. Excepté si on s'intéresse à la manipulation des uns et des autres. Le shérif ne veut pas intervenir, autant rediriger la victime vers des gens qui sauront faire sans que lui, qui représente la loi dans cette contrée, soit impliqué. Whizzer lui, compte sur Nate et Lester pour achever ce qu'il y a à faire, et c'est tout. Ils sont les rois du "je ne fais rien et je me mêle de tout". Ils sont tous là, ces pauvres gars, dans cette vielle scierie hors d'usage à regarder le temps passer, ils discutent de tout et de rien, s'échangent de petites phrases, ne s'écoutent pas, répètent trois fois la même chose.
Les dialogues sont toutefois rudement bien écrits. Les scènes sont bien décrites également et démontrent bien le fin fond des États-Unis, loin du modernisme et de l'Amérique qu'on connaît via les médias. On dirait que ces hommes vivent hors du temps, sont là, apportent leur aide au final, et arrangent toute la communauté pour balayer de cette terre tous ceux qui enquiquinent leur prochain.
L'Express dit de ce bouquin que "C'est minimal et incarné". C'est juste et bien résumé. Castle Freeman Jr maîtrise les dialogues ironiques et outranciers. On reste abasourdi par de telles personnalités, mais au final c'est d'un effet caustique, comique, triste et affligeant à la fois. Voilà, rien d'autre à ajouter.