Les Chroniques de l'Imaginaire

Du feu de l'enfer - Sire Cédric

On est à Montpellier, dans la chaleur du sud. Manon, la grande sœur, exerce le métier particulier de thanatopracteur. Elle mène une vie indépendante et à son goût. Mais elle n'arrive pas à se débarrasser de son petit frère, Ariel, voleur de bagnoles. A chaque coup dur, il se ramène dans les jupes de sa sœur.
Cette nuit à nouveau.
Et le réveil sera plus dur encore.

Ne tournons pas autour du pot. L'auteur présente lui-même ce livre comme étant son meilleur. Je vous laisserai le dernier mot sur cette affirmation mais je puis vous assurer qu'il est au moins très bon. L'écriture de Sire Cédric possède de nombreuses qualités. Une des premières et des plus agréables, à mon sens, est sa capacité à englober le lecteur dans une atmosphère chaude, terrifiante et haletante, de l'introduction, jusqu'à la conclusion du roman.

Et comme à son habitude, pour nous mettre directement dans le bain, Sire Cédric nous offre une première scène d'enfer !
Ensuite, une fois que l'auteur vous a attrapé par les tripes, plus moyen de lâcher sa brique. Les pages défilent, la tension monte. La construction de l'histoire en chapitres courts permet de développer facilement ce côté percutant, si, et seulement si, ceux-ci ne s'essoufflent pas. C'est le cas. Chaque section en offre plus, ajoute des éléments, découvre les personnages. Un tour de force de la part de Sire Cédric, qui conserve à chaque instant quelques surprises dans sa manche. De plus, il parvient à maintenir cette tension malgré les réguliers changements de points de vue entre ses acteurs (les Virgo et Raynal), ce qui n'est pas chose aisée.

Mais une histoire, aussi bien construite soit-elle, n'est rien sans ses acteurs. Du côté civil, nous avons Manon Virgo, thanatopractrice, qui est la sœur aînée d'Ariel, petite frappe aux mauvaises fréquentations. Les milieux dans lesquels ils évoluent et le jeu de relations entre le frère et la sœur offrent d'intéressantes possibilités au récit. Le caractère opposé des Virgo, leurs forces et leurs faiblesses, leur envie de normalité, les rendent vite attachants. Dans le camp de la police, si Frank Raynal joue un rôle important, il est moins mis en avant par l'écrivain et est plus commun dans son rôle de flic dur luttant contre sa hiérarchie.

Enfin, chose étonnante dans un bouquin de Sire Cédric, il n'y a pas de fantastique dans Du feu de l'enfer. L'horreur et la gravité de l'action tendent vers le fantastique mais on reste dans un thriller, disons, classique, on n'est pas dans L'enfant des cimetières ou dans De fièvre et de sang. L'absence de fantastique est d'ailleurs plus inquiétante encore, puisque l'auteur m'a affirmé s'être basé sur toute une série d'événements et d'éléments réels pour créer son histoire.

Offrez-vous Du feu de l'enfer et préparez quelques nuits blanches sur un rythme infernal, vous ne le regretterez pas !