Nous sommes à Venosa, ville cosmopolite s'il en est, où les humains ne sont pas les bienvenus. Ces derniers organisent d'ailleurs un siège, sous la houlette de leur souverain Jaranis, mais rien n'y fait : cela fait deux semaines que les remparts sont imprenables. Pire : le blocus des routes au Nord semble inefficace ; le ravitaillement se fait sans doute de façon souterraine... Rien ne va donc pour Jaranis, et cela empire lorsqu'il rend visite à sa fille... Cette dernière, junkie accroc à une drogue que l'on trouve à Venosa, est une véritable furie dès qu'elle se retrouve devant un refus de son père...
Et dans Venosa même, la vie suit son cours, entre le régent et une guilde de voleurs... Ce sont justement ces derniers qui sont sur le point de mettre le feu aux poudres, en provoquant un énième larcin... Tout semble se dérouler sans heurt, jusqu'à ce que deux des voleurs pètent littéralement les plombs, massacrant à l'arme blanche cinq convoyeurs qui avaient été faits prisonniers... La Guilde est maintenant menacée : pour Mornifle, le chef des voleurs, il va falloir donner cinq personnes à Gargarine, l'homme de main du régent, qui va forcément réclamer le même dû...
Pour autant, les voleurs, Épine en tête, ont pu emporter avec eux une partie du butin, dont un mystérieux coffre qui était protégé par un sort. Le malheureux voleur qui a tenté de le forcer a vu sa main droite changée en pied, et ce de manière irréversible... Épine et son ami Battoir sont désignés pour aller chez le propriétaire de ce coffre, en réclamant une forte compensation financière. Mais encore une fois, les choses ne se dérouleront pas vraiment comme prévu, et les ennuis ne feront que s'accroître pour ce pauvre Épine...
Olivier Milhiet nous habitue à des univers très colorés, aux personnages étranges et terriblement attachants, et ce n'est pas ce premier tome de Venosa qui dérogera à la règle ! L'univers présenté ici fourmille de ces mille détails qui rendent les relectures absolument indispensables, et c'est encore là tout le charme du premier tome de cette série.
Le découpage du récit est à l'avenant : on alterne sur différentes situations, avec un plaisir absolu de la première à la dernière planche. C'est beau, détaillé, jouissif : les dialogues, incisifs, sont parfaits, et on ne peut que rire aux éclats, ou trembler d'effroi, en fonction des scènes. Attention, c'est parfois assez gore, et il faudra tout de même se méfier avant de mettre cette bande dessinée entre de trop jeunes mains...
Du côté des dessins, c'est parfaitement réussi. Olivier Milhiet signe une série un peu plus sombre et glauque qu'à l'accoutumée (Caravane, Aniss, Spoogue), et cela lui réussit pleinement. Les scènes d'actions sont parfaitement mises en mouvement, avec une mention spéciale sur l'exécution du tavernier par les hommes de main de Gargarine, ou pour la peine capitale envers les trois pauvres piliers de bar. Le bestiaire de l'auteur fait montre de nouvelles créatures absolument magnifiques, comme ce petit bichon qui réserve bien des surprises...
Un premier tome très convaincant qui mêle la fantasy à l'action, à découvrir absolument !