Les Chroniques de l'Imaginaire

Hibakusha - Barboni, Thilde & Cinna, Olivier

Ludwig est un Allemand qui a vécu au Japon durant son enfance. C'est dont très logiquement qu'en cette année 1945, il est envoyé au Japon par le Troisième Reich, afin d'y faire office de traducteur. Ludwig n'y voit pas vraiment d'inconvénient, même s'il est marié et père d'un petit garçon qu'il n'élève que de loin. Ludwig ne semble pas particulièrement attaché par sa famille, et c'est même avec un peu de bonheur qu'il retrouve Okito...

Okito est un ancien camarade de classe, avec lequel une mauvaise bagarre a valu une blessure à vie à Ludwig. Le jeune Allemand marche avec une canne, mais il n'en veut nullement à Okito : grâce à lui, Ludwig a été déclaré inapte pour devenir soldat, et c'est sans doute pour cela que le jeune homme est encore en vie. Le quotidien se passe au milieu des Japonais, dans la frayeur d'un bombardement. Et Ludwig rencontre bientôt une jeune Japonaise au teint diaphane, qui lui prodigue des massages qui deviennent vite indispensables...

Bientôt, Ludwig apprend que Hitler a capitulé... Il voit ainsi nombre de soldats allemands se faire fusiller par les soldats japonais... Ludwig vit une histoire d'amour qui lui donne la force de continuer, et c'est surtout son travail de traducteur qui lui permet de garder la vie sauve. Un travail de traduction difficile, qui lui apprend que les Américains ont l'intention de lâcher une bombe bien plus puissante que toutes les autres, sur la ville d'Hiroshima, où il se trouve, justement...

Thilde Barboni et Olivier Cinna nous présentent une petite histoire d'amour au sein de la grande Histoire, comme cela peut déjà être le cas parfois dans la prestigieuse collection Aire Libre de chez Dupuis. C'est ici avec plaisir que l'on parcourt les très belles planches d'Olivier Cinna, pleines de force et d'expressions abruptes. Les personnages sont attachants, les couleurs magnifiques : tout ce qu'il faut pour une excellente immersion du lecteur lors de cette lecture.

Les textes de Thilde Barboni sont eux aussi à l'avenant, avec une voix off de bien belle facture, qui alterne avec les échanges bien réels entre les protagonistes. Le livre repose aussi sur une étrange propriété physique de capture des ombres au moment où explose une telle arme de destruction massive, figeant ainsi parfois les êtres dans leur ultime geste. Un symbole fort parfaitement repris et utilisé dans cette histoire qui restera une belle histoire d'amour, aussi.

Bref, un one-shot très réussi, sur le fond comme dans sa forme, et que l'on ne peut que découvrir avec plaisir !