Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Coup de Prague - Fromental, Jean-Luc & Hyman, Miles

Nous sommes à Vienne, en hiver 1948. L'écrivain Graham Greene arrive par avion, et est accueilli par Elisabeth Montagu. L'objectif de ce voyage concerne, officiellement, le futur tournage d'un film dans la capitale autrichienne. Mais Elisabeth Montagu se demande déjà ce qu'a fait Greene durant son week-end, après un télégramme présentant un message à passer à l'épouse de Greene, trois jours plus tôt...

Ainsi, Greene est à Vienne incognito, mais cela ne va pas durer longtemps, lorsqu'il se fait photographier contre son gré dès sa sortie de l'aéroport viennois... Elisabeth ne connaît pas le photographe, et cela n'empêche pas le duo de se rendre à l'hôtel du centre-ville, réservé pour Greene. Bientôt, l'alcool est de la fête, et les présentations sont également faites avec d'autres personnages viennois.

Le lendemain de son arrivée, Graham Greene demande à visiter un cimetière, celui où reposent Beethoven et Salieri notamment... Les discussions vont également bon train sur le caveau vide dans la tombe de Mozart... Bientôt, Greene va se rendre compte que des Américains sont également de la partie. Elisabeth Montagu les connaît, de l'époque de l'OSS, qui est devenue la CIA depuis...

Ainsi, grâce aux connaissances d'Elisabeth Montagu qui connaît Vienne comme sa poche, Graham Greene va pouvoir discuter avec du beau monde, dans des lieux d'ailleurs pas toujours recommandables, surtout pour un bon père de famille chrétien... C'est dans cette atmosphère que nous faisons la connaissance des personnages de ce one-shot, Le Coup de Prague, magnifiquement dessiné par l'américain Miles Hyman (Le Dahlia noir, La loterie).

Les rues de Vienne sont bien froides et sombres dans cette histoire d'espionnage sur fond de guerre froide entre les États-Unis et l'Union Soviétique : de quoi nous faire un terrain de jeu parfait pour un scénariste comme Jean-Luc Fromental. Les personnages et les lieux traversés sont nombreux, et le lecteur doit conserver une certaine attention tout au long de ces planches pour pouvoir profiter pleinement de cette histoire.

Les dessins, comme évoqué plus haut, sont de véritables œuvres d'art : chaque case est minutieusement travaillée, comme dans les autres œuvres de Miles Hyman, et il n'est pas rare de s'attarder sur tel ou tel détail. Le pendant du détail est, il faut bien le reconnaître, une certaine rigidité qui s'installe. Par ailleurs, il n'est pas rare de retrouver sur la même planche plusieurs gros plans de la tête du même personnage, rendant certaines planches un peu trop chargées, avec un certain manque d'aération.

Un livre réussi graphiquement, et au sujet qui s'inscrit dans la véritable Histoire d'après-guerre, mais qui ne pourra pleinement s'apprécier qu'avec un vrai effort de concentration. Mieux, des recherches complémentaires sur cette période pourraient encore parfaire cette riche expérience de lecture.