Les Chroniques de l'Imaginaire

Sans laisser de traces (Karen Pirie - 2) - McDermid, Val

Deux affaires traitées tout au long de ce polar accrochant. L'une d'elle relate d'une disparition d'il y a vingt ans, un mineur laissé pour compte au milieu des années Thatcher durant la grande crise industrielle anglaise. Père et mari, il ne donne plus de nouvelles jusqu'à ce que sa fille, Misha, vingt ans après, le recherche car elle a besoin d'une greffe précieuse auprès d'un proche compatible qui pourrait sauver la vie de son fils.
La seconde, la fille d'un riche écossais, est assassiné lors d'une remise de rançon après son kidnapping et celui de son bébé. Le bébé a disparu, la riche héritière est enterrée et le père, riche et célèbre, a des remords. Toujours 20 ans après, la journaliste Bel Richemond est engagée par ce dernier afin de connaître enfin la vérité sur le sort de son petit fils. En effet, la journaliste a retrouvé des preuves accablantes liées à l'affaire dans la campagne italienne.

Karen Pirie, flic spécialisée dans les affaires classées, se trouve à la tête de ces deux enquêtes. Elle cache celle du mineur à son responsable car, selon lui, celle-ci est sans intérêt. Le seconde peut avoir de graves conséquences sur la réputation du service. Brodie Grant, l’Écossais, est connu et a énormément d'influence. Karen n'en fait qu'à sa tête. Elle est tenace, se fait aider de son collègue et va pouvoir trouver des liens communs entre les deux affaires.

Pas de temps mort, un récit impeccable écrit par Val Mc Dermid. On a du respect pour Karen Pirie. Elle nous ressemble, elle a sa réputation au sein de son service. Elle vient de monter en grade et compte encore faire ses preuves au milieu de ce monde qui sent le mâle.

Ce roman est sincère, on sent le vécu dans cette province anglaise. La fameuse grève de 1984-1985, bras de fer entre Margaret Thatcher et les syndicats de mineurs, a laissé des traces. Tout est dit, avec une grande simplicité : la dureté du conflit, la rudesse d'un pays, la solidarité à l'épreuve et la puissance d'une culture ouvrière aujourd'hui disparue.

Pour captiver son lecteur, Val McDermid use d’un procédé efficace dans Sans laisser de traces : les flash-back ne sont pas racontés par les personnages qui en furent les protagonistes mais directement mis en scène, ce qui donne bien plus de vie et de dynamisme aux événements. C’est qu’aux affaires non classées, le passé n’est pas qu'une anecdote et la mémoire est primordiale. Mémoire familiale et surtout mémoire sociale dont Val McDermid se fait le reflet dans ce roman à l’intrigue très intelligemment construite.