Nous sommes en Espagne, en plein été, dans une région quasiment désertique où il n'y a quasiment pas âme qui vive à des lieues à la ronde, en dehors d'un petit village... C'est là où on retrouve un jeune garçon, qui se cache alors que des adultes le recherchent. Caché dans un terrier, le garçon espère qu'on ne le retrouvera pas. Il pense à ce que son père dira devant la disparition de son fils, et il pense également, et surtout, aux coup de ceintures infligés depuis toujours par ce dernier. Une part sombre de la figure paternelle, qui a conduit le jeune garçon à fuir...
Mais voilà : lorsqu'on se retrouve seul en plein désert, le soleil, la faim et la soif sont vos pires ennemis... Et ce ne sont pas les cauchemars récurrents du jeune garçon qui arrangeront les choses. C'est un soir, alors qu'il s’apprêtait à lui voler de la nourriture, que le jeune garçon fait la connaissance d'un vieil homme, un berger qui transite dans la région avec son chien et ses chèvres, et qui se nourrit de ce qu'elles produisent comme lait, en grande partie.
Le berger, même s'il est pour le moins taciturne, ne tarde pas à proposer au jeune garçon de l'accompagner. Que faire d'autre, de toute façon ? Ainsi, le jeune garçon apprend à faire la connaissance d'un homme bon qui mène une vie simple, allant d'un point d'eau à un autre pour survivre. Mais les démons du jeune garçon le menacent toujours, la nuit. Et le jour, c'est l'effroi qui prend le dessus lorsqu'il voit des policiers à sa recherche...
Javi Rey est déjà l'auteur de Un maillot pour l'Algérie, dans la collection Aire Libre de chez Dupuis, avec un certain Kris au scénario. C'est ici sur l'adaptation du roman du même nom de Jesús Carrasco qu'on le retrouve, dans la même collection.
On retrouve très vite le dessin si caractéristique de Javi Rey : c'est beau, épuré, le trait est d'une grande finesse, et les expressions des visages sont particulièrement travaillées. Les couleurs sont également à l'avenant : l'auteur n'en fait pas des tonnes, et ses couleurs, discrètes, mettent parfaitement en valeur la finesse du dessin.
Un gros travail a été effectué au niveau du rythme du récit : les dialogues ne sont pas nombreux, et c'est bien logique au vu de l'histoire contée ici. Il était ainsi très important d'avoir un dessin capable de rendre les personnages attachants. Il était tout aussi important de raconter l'histoire en enchaînant, régulièrement, des planches complètes sans le moindre phylactère, des planches où le dessin se suffit à lui-même. Et c'est là une chose dans laquelle Javi Rey excelle tout particulièrement dans cette nouvelle production.
Un livre attachant, qu'il est impossible de lâcher avant la fin : cela se lit vite, et c'est bien là un signe de grande qualité, alors même qu'on a 140 planches entre les mains (enrichies d'un entretien avec Javi Rey et Jesús Carrasco), bien plus qu'une bande dessinée plus traditionnelle...