A seize ans et demi, Zandra, c'est plus franchement la fifille à son papa... Et c'est bien là tout le problème. Alors que la jeune adolescente sort d'une séance de cinéma, elle se met à embrasser André, son petit ami... Immédiatement, cela déclenche les foudres de son père. Lequel n'est pas un père franchement ordinaire, puisqu'il s'agit ni plus ni moins de l'infâme Zorglub, scientifique fou de son état, et surtout ennemi juré de Spirou et Fantasio...
Alors, Zorglub enlève, en pleine journée et en plein Bruxelles, sa fille et André, le fameux petit ami... Zandra essaie de raisonner son père, en ayant une conversation que tous les parents doivent avoir un jour ou l'autre avec ses enfants. Mais Zorglub reste buté : ce qui compte particulièrement, c'est avant tout la sécurité de sa fille, elle pour qui il ne dispose pas franchement de sauvegarde...
André, de son côté, parvient à échapper à un rayon laser qui aurait dû le rôtir sur place, et il se retrouve bien malgré lui dans la chambre de Zandra... Grand mal lui en prend, puisque c'est justement ce moment que choisit Zorglub pour enfin avoir une conversation d'adulte avec sa fille. Les choses sérieuses de ce point de vue là vont être de courte durée, lorsque le vaisseau d'un général, client de Zorglub, approche. Le général en question souhaite racheter un robot très particulier à Zorglub, histoire d'en fabriquer à la chaîne pour mener certaines guerres. Zorglub, mystérieusement, refuse ce qui pourrait pourtant paraître comme un juteux marché...
La fille du Z constitue ainsi, chez Dupuis, le premier tome d'une série dédiée, enfin, à Zorglub, personnage qui constitue un des grands méchants de l'univers de Spirou et Fantasio, créé entre parenthèses lui aussi par un certain Franquin. Zorglub est ainsi un personnage aux réactions pour le moins imprévisibles, entouré de ses inventions, et il constitue pour autant un méchant très intéressant.
Ici, plus qu'intéressant, c'est carrément un personnage attachant que devient Zorglub, notamment pour les lecteurs eux-mêmes papas de filles, qui se retrouveront du coup forcément un jour ou l'autre confrontés à la problématique développée ici. Un angle de vue très approprié, qui sort d'ailleurs fortement des sentiers battus et de ce qu'on a l'habitude de lire dans les productions de cet éditeur.
Ainsi, ce premier tome s'adressera parfaitement à un large public, que ce soit pour les scènes d'action dont raffoleront les enfants, ou les moments plus graves, plus posés, qui précéderont une révélation parfaitement amenée. Et c'est José-Luis Munuera qui nous raconte cette histoire, avec le rôle à la fois de scénariste et de dessinateur. Munuera n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il est déjà le dessinateur de nombre de Spirou et Fantasio, dans le même univers. Le trait vif et précis, plein de mouvements, de l'Espagnol convient parfaitement dans ce premier tome qui, je l'espère, en amènera beaucoup d'autres.
Un premier tome convaincant qui met, pour une fois, un méchant à l'honneur. Un méchant attachant dont le personnage ne peut que prendre de l'épaisseur et de la sympathie avec ce récit !