Orignace est un conteur qui vit dans la forêt de Brocéliande, et qui a bien du mal à se concentrer pour écrire un nouveau récit. Et pour cause : les deux korrigans qui le forcent à écrire ne lui laissent jamais plus de quelques minutes de répit, entre deux visites. L'impatience de ces affreuses créatures n'est pas la meilleure amie, lorsqu'on veut écrire une histoire : c'est pourquoi Orignace décide de sortir dans la nuit noire pour y trouver l'inspiration.
Rapidement, le conteur tombe sur Merlin, en charmante compagnie. Le magicien a fort à faire pour charmer la demoiselle qu'il accompagne, et pour cause : Viviane est la fille du seigneur Dyonnas. Une fille fortunée donc, qui ne se laisse nullement impressionner par les petits tours de magie de Merlin. Mais rapidement, Viviane parvient à trouver le magnifique cerf blanc qu'elle cherche depuis plusieurs heures. Ce dernier se laisse approcher, et se laisse même monter par la jeune fille... Jusqu'à ce que des chasseurs, trois frères, lui plantent une flèche dans le flanc.
Viviane parvient, par son autorité naturelle, à mettre en déroute les trois frères, et elle laisse éclater la surprise, puis la colère, lorsqu'elle se rend compte que le cerf blanc n'est autre que Merlin, qui en a profité pour lui voler un baiser... Viviane ne vient plus voir Merlin, ce qui n'est pas non plus pour arranger les affaires d'Orignace, qui ne parvient pas à poursuivre son histoire. Et les korrigans ne sont pas loin, encore une fois, pour remettre la pression sur les épaules du conteur...
Je dois avouer qu'il devient difficile de me surprendre avec des contes de Bretagne, tant les éditions Soleil, notamment dans la collection Soleil Celtic, nous en ont abreuvé ces dernières années (Les contes du korrigan, Les contes de l'Ankou, et j'en passe). Pour autant, il faut reconnaître qu'il est facile de se laisser envoûter par la jolie couverture de ce premier tome de Brocéliande, toujours chez Soleil Celtic.
Et il faut reconnaître que, d'abord, les dessins de Bertrand Benoît, faits de sombres forêts et de jolies clairières, sont très réussis : c'est vraiment joli, parfaitement mis en valeur avec les couleurs chatoyantes d'Elodie Jacquemoire. Les cieux sont magnifiques, les effets de lumière sont une vraie réussite sur nombre de cases : difficile de ne pas tomber sous le charme graphique, même si cela a déjà été vu dans les productions des éditions Soleil.
Et puis, il y a le récit en lui-même : encore une fois, c'est très réussi. Les personnages sont attachants, voire même drôles, notamment dans la façon dont les deux korrigans mettent régulièrement la pression sur les épaules du conteur. Le rythme imposé par Olivier Peru est rapide et efficace : on voyage beaucoup dans cette forêt de Brocéliance, peuplée de créatures étranges et d'univers graphiques différents, que ce soit au niveau des saisons, des paysages sous le lac, ou encore sur le bestiaire utilisé, avec une mention spéciale pour ce superbe dragon blanc.
Un premier tome efficace, qui tient parfaitement sa promesse : il sera intéressant de voir si les six autres tomes prévus (tous des one-shots) auront le même niveau de qualité.
