Les Chroniques de l'Imaginaire

Mam'zelle Estérel (Les beaux étés - 3) - Zidrou & Lafebre, Jordi

La soirée est un peu particulière chez Pierre et Mado. Après avoir mis leur vieille 4L en vente, voilà qu'un client arrive afin de l'inspecter. Le client en question achète la voiture, qui est restée dans un état splendide malgré les années. Ça y est : en une transaction qui n'aura duré que quelques minutes, voilà la voiture qui part, alors même que de nombreux souvenirs liés à Mam'zelle Estérel, le surnom donné au véhicule, refont surface...

Et c'est notamment de l'été 1962 que Pierre et Mado vont se souvenir... Celui où le jeune couple d'alors a décidé de partir avec les enfants, mais aussi avec les parents de Mado : Henry, qui doit suivre un sévère régime dépourvu de frites, et surtout la terrible Yvette, belle-mère acariâtre et cauchemardesque de son état, qui souhaite absolument passer ses vacances à Saint-Étienne, et qui s'est armée de son guide Michelin 1962 des routes de France. Un guide alors flambant neuf...

Très vite, la tension va s'installer entre le jeune couple désireux de camper près de la mer, et Yvette, qui ne lâche rien sur ses envies très particulières... Après tout, son Henry est passé par une belle porte, dernièrement, et le médecin lui a formellement interdit les endroits où la chaleur est trop forte... Et puis, bien entendu, hors de question de se retrouver à s'allonger dans une tente, au milieu des insectes qui pullulent, forcément, dans les campagnes françaises. Non, vraiment : rien ne vaudra la visite de toutes ces magnifiques églises stéphanoises, bien loin de la moindre étendue d'eau...

Bien entendu, Zidrou s'amuse une nouvelle fois de très belle façon avec cette famille belge en villégiature en France. La famille en question est composée de personnages crédibles, hauts en couleurs, et encore une fois terriblement attachants... Bien entendu, chacun a ses petites faiblesses, ses petits secrets que l'auteur ne manquera pas de nous faire découvrir tout au long de ce troisième tome, déjà, de sa série Les beaux étés.

Le côté attachant, justement, est encore une fois parfaitement mis en avant grâce aux dessins de Jordi Lafebre. Encore une fois, les expressions, tordantes et si justes, sont parfaitement réussies : les personnages ont tous de véritables tronches, travaillées dans chacune des cases, et le tome confirme que Jordi Lafebre est un des dessinateurs qui réussit le mieux les différents faciès, que ce soit les sourires béats, les regards tendres ou la froideur colérique de ce sacré personnage d'Yvette.

Le tome est ainsi surtout centré sur la relation entre Mado et ses parents, la terrible et froide Yvette en tête, et on se met à trembler en pensant que cela pourrait nous arriver à tous. L'humour est également bien entendu encore une fois bien présent dans ce tome, en étant savamment distillé, comme cela était déjà le cas dans les deux tomes précédents.

Non, vraiment : Les beaux étés n'est pas qu'une série qu'il faut lire maintenant, à l'heure des grandes vacances et des départs pour la plage ; c'est bel et bien une série à côté de laquelle il est impensable de passer, une série à lire et à relire, pour tous les membres de la famille !