Em est une jeune femme à la tête d'un petit groupe d'humains vivant sur la planète Omeyocan après y avoir été emmenés par navette spatiale. En proie à un environnement hostile, Em et ses amis ont dû apprendre à cohabiter pacifiquement avec leurs anciens ennemis du peuple Albonden. Ces derniers sont des Sauterels, êtres également arrivés de l'espace. Les jeunes humains ont également dû déployer tous leurs efforts pour apprivoiser la technologie laissée sur la planète par les Adultes et comprendre comment produire leur propre nourriture. Depuis un an, la petite colonie fait de grands progrès et se prend à espérer un avenir radieux. Pourtant, alors que la situation entre anciens ennemis devraient s'apaiser, des tensions éclatent, y compris au sein du groupe d'humains. Un phénomène étrange est à l’œuvre, attisant l'animosité de chacun. En outre, trois vaisseaux spatiaux inconnus approchent de la planète.
L'auteur, Scott Sigler, a peuplé Omeyocan de nombreux personnages humains ou sauterels. Dès les premières pages figure une liste des personnages humains avec la mention de leur fonction sociale et, présentées en italique, les victimes des tomes précédents. Cette liste de personnages prend tout son sens dans l'univers du récit puisque les jeunes ainsi énumérés sont les seuls humains au monde. Leur nombre est fini et chaque perte, même d'un personnage à demi-croisé quelques pages auparavant, est une tragédie pour les personnages principaux. Les fonctions sociales présentées dans la liste et tout au long du récit font office de castes, cloisonnant plus ou moins leurs membres à certaines occupations, scientifiques, guerrières. Ce procédé narratif aide le lecteur à se repérer dans cette galerie de personnages dont seule une minorité est réellement présentée. Au delà de cette astuce, ce système de castes prend également tout son sens au vu des révélations faites dans ce tome.
Le lecteur suit le point de vue de Em. Dirigeante à l'énergie insatiable, Em est partout. Elle combat avec les guerriers, rend visite aux blessés, discute avec les scientifiques. Courageuse, altruiste et animée d'un grand sens du devoir, elle ne cesse de se remettre en question sur des sujets graves : l'anéantissement d'une autre espèce, la torture, l'usage d'armes destructrices, etc. Ses amis (Applegate, Bishop, Muller...) sont les personnages secondaires les plus détaillés. Malgré quelques traits distinctifs, leur personnalité peine à se dégager de l'omniprésence de la narratrice et de l'attachement que l'on ressent pour elle. Des moments de réflexion ou de contemplation laissent un peu plus de place au développement de ses relations avec ses amis. Ces passages sont éparpillés au fil de l'ouvrage mais précieux. Ils aident à domestiquer peu à peu ses personnages secondaires dont on sent qu'ils disposent eux aussi de leur propre histoire.
Alone est en premier lieu un roman d'action, aux rebondissements multiples. Un sentiment d'urgence transparaît dans l'ensemble du récit, à l'image de celui ressenti par Em. On se prend à reproduire le comportement frénétique de Em dans sa lecture même, à tourner les pages de plus en plus vite. Les menaces se succèdent, chacune apportant son lot de réponses, de tragédies et de choix déchirants pour Em. Fin de la trilogie The generations, Alone rassemble tous les fils narratifs et les tend vers une grande conclusion imprévue. Ces 600 pages filent à la vitesse de l'éclair !
