Nous sommes en 2046, deux-cent jours avant l'avènement de la mégalopole de Monplaisir sur ce qui reste de la planète Terre... On y retrouve un Springy Fool plus jeune, occupé à construire son premier robot. Pour Membertou, l'homme de confiance qui l'accompagne, il est clair que la mission confiée à son nouveau patron est une tâche impossible : Fool est plongé, seul, dans la construction de ce foutu robot, et il est aussi le seul à avoir des compétences en robotique sur cette foutue planète. Mais Fool ne semble pas s'offusquer des remarques de Membertou, tant que celui-ci lui déniche encore un endroit convenable pour passer la nuit.
Alors, le jeune Springy Fool s'éveille, cette nuit-là, avec des gémissements féminins. Il est littéralement fasciné par la façon dont Membertou est parvenu à avoir une relations sexuelle avec une dame dans le besoin, qui habite l'immeuble, et qui a accepté cela en échange d'un peu de nourriture. Fool questionne Membertou avec insistance et, pour avoir des réponses, montre ce que le premier robot construit a réussi à accomplir en une seule nuit... Le robot intelligent est aussi auto-apprenant, et il a été capable de construire des robots à son image, qui eux-mêmes en ont construit d'autres. En une seule nuit, c'est une véritable armée de robots qui est ainsi née...
Retour en 2059, maintenant, dans le présent de Monplaisir. Après avoir volontairement désobéi à un ordre direct de Springy Fool devant des milliers de téléspectateurs, le jeune et imposant policier est coincé dans son appartement, sans aucune possibilité d'en sortir... Pour Springy et A.L.I.C.E., il s'agit de maîtriser la communication autour de l'acte terroriste qui a fait des milliers de victimes, dernièrement, sur Monplaisir.
Mais Zach a toujours la possibilité de consulter à sa guise toutes les archives de Monplaisir, depuis des années, et cela va commencer par la naissance du petit Niels Colton. Un petit gars né dans la rue, d'une mère qu'il disait pourtant ingénieure diplômée en robotique et en intelligence artificielle... Pour Zach, il est évident qu'il va falloir creuser du côté de la vie de cette maman très particulière. Une maman charmante, qui aura réussi à attirer l'attention de Springy Fool, il y a quelques années, et ce pour son plus grand malheur...
Après le récent troisième tome de La mémoire dans les poches, c'est à nouveau un régal de poursuivre une nouvelle série de Luc Brunschwig. Le scénariste, accompagné ici au dessin par Roberto Ricci, nous amène dans le passé de cette ville de Monplaisir, dédiée aux vacances et aux plaisirs de plusieurs castes de la population humaine, qui a droit à quinze jours de vacances annuels, et ce après des manifestations monstrueuses qui ont coûté la vie à bien des gens...
L'univers dépeint dans Urban est effrayant et terriblement crédible et réaliste, lorsqu'on prend le temps (et cela est rapide !) de voir et d'imaginer les coulisses. Derrière les spectacles et les peep-shows de façade, il y a toute une partie de la population qui souffre, et des événements bien glauques que le scénariste nous dépeint ici. Et cette manière de raconter les histoires est toujours ici captivante : c'est bien amené, avec des flashbacks qui arrivent à point nommé pour distiller ce qu'il faut d'informations, au compte goutte, et, là encore, l'araignée tisse parfaitement sa toile, dans un récit plein de force et de cohérence.
Les dessins de Roberto Ricci sont à l'avenant : c'est beau et soigné, souvent glauque à souhait, comme cela doit forcément être le cas dans cette histoire qui prend place dans un monde que l'on pourrait qualifier de post-apocalyptique. Roberto Ricci a le sens de la mise en scène, avec des décors pleins de détails, et des personnages charismatiques et expressifs à souhait.
Une série de science-fiction complètement réussie, à tous les niveaux, qu'il est tout simplement impensable de ne pas découvrir ou posséder...