Les Chroniques de l'Imaginaire

Endgame : Missions (Endgame : Missions - 1, 2, 3) - Frey, James

Depuis la nuit des temps, douze grandes lignées de l’humanité forment en secret leur champion, un ou une adolescent(e) entre douze et dix-huit ans, qui les représentera lors d’Endgame : le Jeu de la Fin des Temps. La trilogie Endgame retrace l’histoire de cette apocalypse orchestrée par les Créateurs et comment, à travers déchirements et alliances, une bande d’adolescents doit sauver sa lignée, et condamner toutes les autres.

Engame : Missions revient sur la genèse de cette aventure, la manière dont chaque Joueur s’est retrouvé dans la position de représentant de son peuple. Les épreuves qu’ils ont dû surmonter. Les choix qu’ils ont dû faire. Le sang qu’ils ont dû verser.

Force est de constater que Endgame : Missions n’est pas un roman au sens propre mais plutôt un recueil de nouvelles autour d’un univers commun. En effet, le livre nous livre l’histoire de onze des douze Joueurs d’Endgame (on se demande encore pourquoi le douzième, Baitsakhan, n’a pas eu le droit à son histoire personnelle), et la manière dont ils sont devenus des Joueurs.

Difficile donc de raconter onze histoires ici. Aussi vais-je me contenter de vous parler des deux nouvelles qui m’ont le plus marquée.
La première est celle de Marcus, dont je n’ai aucun souvenir dans la trilogie Endgame, pourtant. Cette histoire est la première de l’ouvrage et elle a le mérite d’être plutôt bien ficelée. Il s’agit d’une histoire de rivalité fraternelle et de ce qu’on est prêt à abandonner pour atteindre son but. L’histoire n’est pas incroyablement originale : on voit quand même arriver quelques ficelles, mais la psychologie du personnage principale est bien faite. Pour autant, comme souvent dans Endgame, on n’arrive pas vraiment à s’attacher au personnage. Trop surhumain, trop parfait, trop lisse en somme. Mais au moins l’on est débarrassé de ces insupportables tics de la trilogie principale concernant la précision à outrance. Mais si, souvenez-vous : « elle lança son couteau avec un angle de 32° et atteignit sa cible pourtant éloignée de 42,523 pieds » et ce, à tous les paragraphes. L’intérêt de cette nouvelle réside dans son jeu de chat et de souris entre les proies et les prédateurs à mon sens, ce qui est une bonne préquelle à Endgame.

L’autre nouvelle dont je vais vous parler concerne An Liu, un des personnages phare de la trilogie. Cet espèce de psychopathe qui ne vit que pour torturer, hacker, faire exploser des gens a lui aussi une genèse qui explique comment un enfant doux de quatre ans, surprotégé par sa mère, devient un assassin dérangé, bourrés de tocs, accroc à un pendentif en restes humains. Bon là, on n’échappe pas aux styles originels entrecoupés des tocs d’An Liu assez dérangeant mais enfin, difficile de faire sans. En revanche, l’histoire, elle, est un peu plus intimiste : on arrive enfin à rentrer dans le personnage, expérience somme toute assez déroutante vu ledit personnage. On subit la même barbarie que lui, on espère et on se désillusionne à son rythme. Parfois un tout petit peu avant, ce qui donne un léger recul de pitié sur cet enfant pathétique. Il devient bien plus humain que dans la trilogie et par cette nouvelle, on entrevoit enfin en quoi Endgame est une abomination. Car cet enfant n’est qu’un individu sur les milliers qui ont été entraînés à travers les siècles et de tous les morts qui ont été leur cible d’entraînement. Et même si les événements et les tueries de la trilogie sont un aperçu de cette horreur, elle reste un élément pyrotechnique quasi hollywoodien. A travers l’histoire d’An Liu, on touche du doigt la sensation vertigineuse de milliers de vies gâchées dans l’attente du Jeu Final.

A vous de découvrir les neuf autres histoires, mais sachez simplement qu’elles sont certes simplistes parfois puisque, comme dans la trilogie, les motivations profondes manquent souvent, mais en même temps fort plaisantes à lire et réconcilient en partie avec les petits agacements que la trilogie suscite.