Après la disparition de Thorn, Ophélie a été contrainte de retourner sur son arche natale d'Anima. Elle brûle de découvrir la vérité sur Dieu, mais les Tuteurs au service de celui-ci ne perdent pas une miette de ses activités. C'est pourquoi elle végète depuis de longs mois, préférant ne rien faire que de montrer ses cartes à ses ennemis.
Quand l'excentrique Archibald débarque de manière impromptue pour lui permettre de s'échapper, elle le suit donc sans état d'âme. Mais pas question pour elle de l'accompagner dans son interminable quête de l'arche d'Arc-En-Terre, ou même de retourner au Pôle : Ce qu'elle veut, c'est retrouver Thorn, or les bribes d'informations qu'elle a pu obtenir lui soufflent que son époux est sur les traces de la clé du mystère, sur l'arche de Babel.
L'arche de Babel est un endroit ultra-moderne, type steampunk, qui a su tirer parti des meilleures inventions issues de tous horizons. Les automates y sont omniprésents, remplaçant les humains pour toutes les taches peu qualifiées. Babel est aussi un endroit très ordonné : les résidents sont très respectueux des règles, le vol et le meurtre n'existent pas. C'est le monde parfait. Selon Dieu en tout cas. Pour Ophélie, c'est plutôt un cauchemar : camouflée sous une fausse identité, totalement ignorante des rigoureux codes locaux (que ce soit vestimentaires ou autres), la jeune femme doit faire preuve d'une attention de tous les instants pour ne pas se trahir.
Pour poursuivre sa quête, Ophélie voudrait accéder au lieu le plus protégé de Babel : le sacro-saint Secretarium, au cœur de l'immense bibliothèque du Mémorial de Babel. Mais pour cela, un seul moyen : devenir avant-coureuse au service de la cité. A cet effet, Ophélie devient apprentie au conservatoire de la Bonne-Famille, où elle ne sera pas au bout de ses peines...
Une fois de plus, Ophélie se retrouve seule face à l'adversité, isolée dans un lieu inconnu dont elle ne maîtrise pas les règles. Heureusement, la petite souris effacée et maladroite du début de l'histoire a bien grandi : Ophélie est désormais plus sûre d'elle, et surtout elle sait ce qu'elle veut, une détermination qui la soutient dans les épreuves. Parce qu'il faut bien avouer qu'une fois de plus, sa vie n'est pas de tout repos. Au sein de la Bonne-Famille, la concurrence est rude, et il ne s'agit pas seulement de bizutage : tous les coups sont permis pour écarter ses concurrents. Et que dire de tous ces "accidents" qui touchent certaines personnes croisant la route d'Ophélie... ?
En parallèle des activités d'Ophélie, l'intrigue avance lentement. Le dénouement de ce tome nous apporte quelques réponses sur Dieu, sur la Déchirure, mais on peine toujours à comprendre les tenants et aboutissants. Pour ma part, je navigue à vue, sans aucune idée de l'endroit où on va. En fait, c'est un peu trop complexe et embrouillé pour moi, j'ai un peu décroché.
Les personnages secondaires auxquels on s'était attaché sont beaucoup moins présents. En effet, comme ils ne sont pas physiquement proches d'Ophélie, ils ont peu d'impact dans l'intrigue de ce tome. L'auteure nous dispense par ci par là des bribes d'informations à leur sujet, notamment à travers les yeux de la petite Victoire, la fille de l'esprit de famille Farouk et de Bérénilde.
A la place, Ophélie fait bien évidemment de nouvelles rencontres, mais aucun de ses nouveaux amis (ou ennemis) n'a le charisme des précédents, ce qui fait qu'ils sont relativement transparents.
Pareil pour Thorn : on attend avec impatience les passages où les deux époux sont face à face, mais ils nous laissent toujours sur notre faim. Thorn est bien moins ténébreux que précédemment, c'est un peu décevant.
Bref, en se concentrant sur Ophélie, l'auteure a un peu trop mis en retrait les autres personnages.
Si cet opus se lit avec plaisir, je l'ai cependant trouvé nettement inférieur au précédent, un peu trop mou. J'attends néanmoins le quatrième et dernier tome de pied ferme, impatiente de découvrir ce qu'il va advenir désormais dans ce cycle intéressant et original !