Anna Laurens est toujours dans les Alpes, dans la lecture de la biographie de Dover Winston Smith. Ce dernier en a terminé avec ses études à Eton, d'où il est ressorti diplômé. Mais avec la disparition d'Edna Wilkinson et la relation entre Julia et Dover, le voilà banni de chez les Wilkinson, et donc obligé de se mettre à travailler. Et c'est via le comte Ashwood, qu'il pense être son grand-père, que Dover trouve son premier emploi dans le tabac, situé à Shanghai.
Dover est ainsi complètement sorti de son microcosme, et se retrouve à travailler le jour, et à faire la fête la nuit. Il ne tarde pas à faire la connaissance d'Archibald Pepper, un collègue fêtard avec qui il joue régulièrement au casino. Archi fait souvent preuve d'une chance hallucinante, qu'il dit provoquer, et c'est grâce à cela que Dover parvient à se faire un beau pécule. A l'inverse de son compagnon, Dover a l'intelligence d'arrêter de jouer avant de tout perdre, fatalement...
Et puis, Dover se voit confier une mission bien loin de Shanghai, dans la province reculée du Hunan. L'industrie de tabac pour laquelle il travaille ne reçoit plus de tabac, et la hiérarchie n'a plus de nouvelle des gens envoyés sur place précédemment. La mission semble risquée, voire impossible, mais cela est l'occasion pour Dover de mettre en pratique ce qu'il a appris durant ses années à Eton. Et puis, il semble difficile de refuser un ordre direct de la hiérarchie...
Mais avant de partir pour le Hunan, Dover a encore la tête prise ailleurs : Aldous Huxley et son épouse font un tour du monde, et il se trouve qu'ils font escale à Shanghai... De quoi redonner le sourire à Dover, et de quoi se faire sacrément ouvrir les yeux par son ancien professeur. La conversation tourne vite autour du sens de la vie de Dover, qui ne doit pas se contenter d'une succession de fêtes mondaines. Et puis, les deux hommes parlent vite également de Blair, qui est en Birmanie. Et celui qui finira par devenir George Orwell risque de décevoir Dover...
Guillaume Martinez et Christian Perrissin continuent leur adaptation de cette vie bien fournie de Dover Winston Smith. Ce troisième tome se concentre sur 1925 à 1926, période durant laquelle Dover travaille en Chine, donc dans un contexte totalement différent de ce à quoi nous assistions, avec Anna Laurens, dans les deux premiers tomes de cette série.
Le personnage de Dover est toujours aussi travaillé et convaincant, et le lecteur n'aura aucun mal à reconnaître le personnage d'abord, et surtout à faire preuve d'empathie pour lui. Dover démarre un métier à l'autre bout de la planète, dans un contexte bien loin d'être apaisé, et son voyage dans le Hunan sera l'occasion de se rendre compte de l'hostilité de la population locale à l'encontre des Européens...
Nous assistons moins à des flashbacks dans ce troisième tome, retrouvant principalement Anna Laurens en fin de tome, pour un effet de dernière page qui donnera forcément envie d'en savoir plus rapidement. Toujours est-il que le récit reste parfaitement maîtrisé, avec des dessins magnifiques et des couleurs parfaitement adaptées. Ce troisième tome confirme, largement, tout le bien que l'on pensait déjà de cette série : vivement la suite !