Même si cela ne fait pas plaisir à tout le monde dans sa famille, c'est bien à Joseph de Saint-Hubert qu'a été confiée, par son grand-père Christian, la direction de la BGI. Cela ne plaît pas à Théodore, qui est tout le même le fils de Christian, mais qui ne se fait pas plus d'état d'âme que cela. Par contre, c'est Achille, le frère de Joseph, qui est d'une jalousie maladive. Mais Achille n'a absolument aucun talent pour gérer ses propres comptes. Alors, pour gérer une banque...
Mais Joseph est devenu un homme important dans la finance, forcément, et cela l'accapare aux détriments de sa femme Suzanne et de ses enfants. Les dépenses excessives, les allers et retours fréquents à New-York : cela n'aide pas vis-à-vis de la vie de famille. Suzanne prévient Joseph à plusieurs reprises, mais force est de constater que ces avertissements tombent dans une sourde oreille...
Et puis, il y a les trois filles de Théodore, que Joseph considère comme ses sœurs. D'abord, Clotilde est au Congo, à gérer une plantation d'hévéa afin d'en extraire le précieux caoutchouc. Les mœurs de Clotilde choquent dans la plantation, notamment le fait qu'elle s'intéresse plus à Mireille, sa servante, qu'aux hommes qui ne manquent pas de la courtiser. Et Clotilde ne tardera pas à découvrir les méthodes pleines de sauvagerie de ses hommes de terrain. Une poudrière qui est sur le point d'exploser...
Angèle, elle, perd son fils, Rodolphe, atteint d'une encéphalite japonaise. Une épreuve de plus pour celle qui a le plus de capacités dans une reprise éventuelle de la BGI...
Mais c'est Eugénie la sœur la plus faible, elle ira même jusqu'au suicide, après que toute la famille découvre qu'elle a prêté énormément d'argent à une famille d'imposteurs, où elle pensait avoir trouvé sa seule amie...
Il s'en passe, des choses, dans ce sixième tome de La Banque, série qui paraît chez Dargaud, et scénarisée par Pierre Boisserie (Voyageur, Flor de Luna...) et Philippe Guillaume (Dantès). C'est Stéphane Brangier (Attoneen) et Delf à la couleur qui assurent la partie graphique de cette série qui fleure les intrigues politiques et financières.
La Banque est avant tout une histoire de famille, comme on pourrait trouver dans des séries comme Les Fleury-Nadal, ou encore Sambre. Ici, tout tourne autour des trois générations déjà mises en avant tout au long des six tomes, tout en gardant en toile de fond la maîtrise de la Banque Générale d'Investissement, basée à Paris, et qui profite des accords passés autour des emprunts russes. Il est aisé pour la BGI de faire fondre la population autour de son élan patriotique, afin que celle-ci accepte de confier toutes les économies disponibles...
Mais c'est bien sur les différents personnages que reste axé ce tome : leurs relations sont parfaitement résumées dans l'arbre généalogique qui ouvre le tome (et qui est une excellente idée par ailleurs). On se surprend à s'attacher à ces différents personnages, très différents. Mention spéciale pour Clotilde qui apporte une présence toute particulière, et qui a le mérite de nous faire voyager au Congo.
Les dessins sont précis et soignés. Surtout, ils sont parfaitement adaptés à cette histoire, avec des personnages nombreux, mais qui ont tous leur style propre. Aucun souci pour les distinguer (alors qu'on parle d'une seule et même famille) : la lisibilité est parfaite, et ce n'était franchement pas gagné d'avance. On pourra reprocher quelques planches ternes, mais vite oubliées avec les décors africains pleins de jeux de lumières. Les expressions sont vraiment travaillées, et sont pour beaucoup dans la réussite de ce sixième tome de La Banque.
Une série complètement digne d'intérêt, qui mêle une histoire de famille, des complots politico-financiers et un brin d'exotisme : j'ai d'ores et déjà hâte de découvrir la quatrième génération de cette famille !