Montréal est une ville branchée. Culturellement, tous les goûts de ses habitants sont satisfaits. Mêmes les plus sanglants. Dans une vitrine, en expo, un cadavre plongé dans une baignoire remplie de sang humain.
C'est un peu trop, même en étant ouvert d'esprit.
L'inspecteur Dufaux et son équipe spéciale sont mis sur cette affaire. Dufaux est un vieil enquêteur montréalais, il s'est entouré de talents en devenir de la police de la ville. Des jeunes plein de potentiel mais s'accommodant difficilement des règles établies. Les résultats suivent. Sa moyenne d'élucidation des crimes est plus haute que celle des autres groupes. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir sans arrêt des démêlés avec les affaires internes. La Némésis de Dufaux à la police des polices se nomme Paradis et est sûr que l'équipe prodige cache une taupe du crime organisé.
Le cadavre du baigneur est identifié. Il est connu comme informateur de la sûreté du Canada et il patauge dans le sang de plusieurs hommes.
J'ai découvert ce bouquin et son auteur dans une foire où la ville de Montréal était l'invitée d'honneur, en raison de ses trois cent soixante-quinze années d'existence. Jean-Jacques Pelletier est un sympathique personnage. Lui et son éditrice m'ont bien vendu ce Bain de sang. Que j'ai oublié quelques mois sur mon étagère à lire...
Lorsque je l'ai ouvert et (enfin) démarré, j'ai été aussitôt happé par le punch de l'histoire. Le texte est moderne, le style est vif, les acteurs sont bien identifiés et le rythme est emballant.
Bain de sang est un polar classique, relativement simple, mais diablement efficace porté par des personnages bien construits aux relations judicieusement établies. L'équipe fonctionne, l'ensemble vit et je m'y suis plongé avec plaisir et bonne humeur. Car, malgré son titre, ce livre n'a rien de gore. Le récit est une enquête qui fait travailler (un peu) les méninges du lecteur et, surtout, le pousse à tourner les pages de plus en plus vite, tout en laissant quelques judicieuses zones d'ombre, avec une pointe d'accent québécois !
Il n'y a que la fin, qui sur le moment même, m'a laissé moyennement satisfait. Peut-être aurais-je souhaité quelque chose de plus spectaculaire ou tordu ? Mais en y repensant, elle permet à Pelletier de refermer sa boucle narrative et, d'une certaine manière, de clôturer l'histoire de ses acteurs tout en demeurant dans le cadre et l'ambiance de son intrigue.
Bref, ce Bain de sang est une jolie découverte de la littérature policière québécoise et un bien agréable instant de lecture.