En orbite autour de la terre, des machines finissent la programmation de l'IMA numéro deux. Un androïde de haute technicité dont le but est de reprendre contact avec l'intelligence modulaire autonome qui s'est mêlée à la civilisation humaine plusieurs années auparavant.
A peine terminée, l'IMA deux, nommée Tyo, plonge vers l'atmosphère terrestre, en direction du dernier lieu rapporté par son prédécesseur, la France de l'an 1313. Mais avant de pouvoir mener à bien sa mission, l'androïde fait de métal et de circuits électroniques doit trouver ou copier une enveloppe charnelle humaine...
Roger Leloup est le fameux dessinateur de Yoko Tsuno. A côté de cette série de BD, il a écrit quelques livres pour jeunes dont l'ambiance et l'univers sont assez similaires à ceux de son aventurière japonaise. J'ai reçu ce livre étant enfant et je me rappelle bien l'avoir dévoré en un voyage, dans la voiture sur la route des vacances. J'avais adoré ce mélange entre univers médiéval et SF, les capacités de cette androïde sur les hommes et les femmes du XIVème siècle et cette aventure magique.
La belle nostalgie d'une histoire disparaît souvent lors d'une relecture quelques vingt années plus tard. J'ai pris le risque.
Si la magie, la surprise et l'émerveillement face à l'univers concocté par Leloup n'éblouissent plus le petit garçon qui a grandi, il est toujours épatant. Les thèmes autour de la sorcellerie, de l'inquisition et de l'abus de pouvoir sont présentés avec justesse et fraicheur. Tyo, par l'entremise de son créateur, jongle entre eux et joue des croyances populaires sans méchanceté mais sans bonté naïve non plus. L'ensemble sonne adulte, sans âpreté.
De plus, Tyo, qui ressemble fort par sa description à sa parente Yoko Tsuno, est une actrice intéressante à suivre. Sa surpuissance est maîtrisée par l'auteur, un peu trop peut-être, et ses relations avec Ambre, sa pseudo-sœur, sont habilement amenées au lecteur.
Malgré ces bons points, ce livre souffre d'un défaut plus handicapant pour un lecteur expérimenté : le rythme du roman se perd dans le fouillis de l'ultime tiers excessivement long de l'histoire. Les dernières actions de Tyo et le décrochage de la narration sur Ambre sont flous et trop dispersés.
Toutefois, j'ai pu constater au cours de cette relecture que la magie originale du récit de Leloup demeure. Le pic des ténèbres est toujours un excellent ouvrage de science-fiction jeunesse, plus que recommandé.
