Depuis la mort de son père en février, torturé avant d'être assassiné, Kate n'est plus que l'ombre d'elle-même. Tous deux avaient une relation fusionnelle et elle ne comprend absolument pas qui aurait pu lui en vouloir autant. Plusieurs semaines plus tard, elle quitte ses quartiers à Scotland Yard pour s'occuper de la maison de son père et faire enfin le rangement qui s'impose.
Cependant, loin d'elle l'idée de laisser la police locale faire son travail seule. L'inspecteur Caleb Hale éprouve de la pitié pour cette femme, qui semble mener une vie triste et solitaire. Il la tient au courant de l'avancée de l'enquête, qui piétine, ce qui n'est pas suffisant pour Kate qui le devance souvent dans ses décisions, allant interroger des personnes elle-même ou se rendant sur les lieux sans en parler à quiconque. Pour le lecteur, l'enquête avance sur deux rails et ce n'est pas du tout déplaisant, au contraire. La relation orageuse que cela crée entre les différents protagonistes met aussi du piquant à l'affaire.
L'enquête est très intéressante, et prend encore une tournure différente lorsqu'un nouveau meurtre vient se greffer à l'enquête et chambouler l'existence de Kate.
Toujours en Angleterre, un couple attire aussi notre attention. Il s'agit de Jonas et Stella, parents d'un enfant adopté, qui voient revenir dans leur vie la mère biologique du petit. Elle est juste une jeune femme paumée, avec un bon fond, mais son nouveau compagnon semble bien plus menaçant. Et le récit part donc aussi sur les traces de cette famille, en parallèle de l'enquête menée par Kate et Caleb.
Charlotte Link n'a pas intégré une nouvelle histoire pour le plaisir, elle est évidemment liée d'une manière ou d'une autre à l'enquête sur le tueur en série. Et si cette enquête principale est passionnante, pleine de rebondissements inattendus, et surtout avec un final éblouissant, les aventures que subiront Jonas et Stella, bien que terribles, viennent un tantinet amoindrir le plaisir de la lecture. Disons que le roman ne s'en serait pas moins bien porté si l'histoire de ce couple avait été écourtée.
C'est le seul bémol de L'emprise du passé, qui est somme toute excellent avec un dénouement irréprochable.