Les Chroniques de l'Imaginaire

Les larmes du peintre (Musnet - 4) - Kickliy

Il n'est pas toujours facile d'entrer dans une histoire en cours de route. Qui plus est quand il s'agit d'un quatrième volet. Qui plus est quand c'est le dernier. Qui plus est quand elle s'ouvre par la mort imminente d'un des personnages principaux.

Musnet (une souris) est un apprenti peintre, qui a tout appris de son maître Rémi (un écureuil), à Giverny. L'allusion à Monet, qui fait d'ailleurs aussi partie de l'histoire, ne vous aura pas échappée. Mais Musnet est très triste, car Rémi est en train de mourir. De plus, son amie Mya, qui veut devenir un écrivain célèbre, est fâchée après lui et ne lui parle plus. Monet quant à lui déprime car c'est un hiver très rude et qu'il ne peut pas sortir peindre. Il pense aussi à sa femme et ses enfants qui ne sont plus de ce monde.

Cet album ne se passe donc pas du tout dans la joie et la bonne humeur, ce qui est déroutant pour un album jeunesse. Le traitement de la mort de Rémi est cru et presque gênant. Il ne sait plus gérer ses sphincters et Musnet doit tout nettoyer, les mouches tournent autour de son cadavre si bien que Musnet doit l'enrouler dans un drap avant d'aller déposer le corps dans un cercueil... La souris n'a pas le temps de se remettre de ses émotions qu'elle se fait attaquer par un renard en allant chercher de l'eau pour laver le cadavre. En plus, Mya lui sauve la mise mais elle se montre très sèche avec lui. Pauvre Musnet, Kickliy n'y va pas de main morte ! 

Ce quatrième volet est vraiment l'exemple d'un album qui ne peut être lu sans connaître les précédents. Pour un néophyte, c'est déprimant, triste et cruel. Les réflexions sur la vie sont justes - il faut savoir saisir les opportunités pour ne pas avoir de regrets, les gens meurent pour laisser la place aux autres - mais semblent trop complexes pour un enfant, qui a tout le temps de se confronter à ce type de réflexions.

Pour couronner le tout, les couleurs sont terriblement tristes, avec beaucoup de gris, de marron, de vert cadavérique. Et cette neige qui semble recouvrir toutes les planches, ne serait-ce que cette sensation de froid omniprésente, est très bien travaillée mais renforce encore cette sensation de tristesse en terminant l'album. Qui ne finit pas si mal que ça en fin de compte, on pourra sourire une ou deux fois.

Ce qu'il faudra donc retenir, c'est que pour le lecteur averti, cet album sera peut-être une grande réussite. Libre donc à lui de juger, et aux autres de lire les premiers albums pour se faire une opinion en connaissance de cause.