Dover W. Smith vient de finir ses études à Eton et parvient à faire jouer ses relations pour obtenir un poste à Shanghai dans une entreprise de cigarettes britanniques. Il passe ses journées à travailler et ses nuits à faire la fête. Un jour, son employeur le charge d'enquêter à l'intérieur des terres sur la rupture du contact avec leur fournisseur de tabac. Il découvre une image de la Chine bien différente de son environnement colonial, menaçante et envoûtante.
Ne vous laissez pas abuser par la quatrième de couverture : Dover W. Smith n'a jamais existé pas plus que l'autobiographie dont disent s'inspirer les auteurs. Sa supposée mort en 1984 devrait vous donner un indice sur le jeu d'intertextualité auquel se livrent Christian Perrissin et Guillaume Martinez. On peut y voir un hommage au George Orwell journaliste, qui s'était impliqué notamment dans la guerre d'Espagne dans les années 1930. Ce même Orwell fait d'ailleurs son apparition dans quelques scènes, sous son vrai nom d'Eric Blair, de même qu'un autre célèbre auteur d'uchronie, Aldous Huxley. Ces apparitions ne sont pas gratuites : elles constituent de véritables jalons dans le développement personnel du héros.
Smith évolue dans un cadre judicieusement choisi. On découvre avec lui les différentes facettes de la Chine des années 1920, de la côte sous influence européennes aux terres intérieures où règne encore une culture autochtone. Les dessins reflètent bien cette atmosphère, des casinos de Shanghai aux paysages imposants de la province du Hunan. Les textes sont également au cœur de l'immersion : de nombreux encadrés soi-disant tirés de l'autobiographie du héros nous plongent dans l'esprit du personnage.
Ce tome, troisième de la série, se comprend bien sans avoir lu les autres, à l'exception des rares passages se déroulant de nos jours avec d'autres personnages. Une série à suivre !
