Les Chroniques de l'Imaginaire

Les forces de la nuit (Darwath - 1) - Hambly, Barbara

Gil Patterson est une jeune doctorante en histoire de l'art. Son quotidien, rythmé par ses cours aux premières années et la rédaction de sa thèse, est bouleversé par ses nuits de plus en plus agitées. Gil rêve d'une cité d'allure médiévale et de style étranger, une cité emplie d'une population apeurée, une cité en proie aux ténèbres. Bientôt, un vieux sorcier, Inglor, originaire de la cité onirique, fait irruption dans la cuisine de son appartement et lui demande son aide. Tous deux ne tardent pas à croiser la route de Rudy, carrossier au grand-cœur, lui aussi embarqué malgré lui dans l'aventure.

Bien que fan du style de Barbara Hambly, j'avoue ne pas m'être lancée confiante dans la lecture de cet ouvrage. L'histoire de la fille du monde réel qui bascule dans le monde fasntstique, cela sent un peu le réchauffé, non ? C'était très à la mode dans les années 1980, paraît-il.

C'était mal connaître l'auteure bien sûr, qui est une experte pour créer des personnages attachants. Les deux protagonistes Gil et Rudy semblent s'opposer en tous points : l'une timide, travailleuse acharnée, originaire d'une famille californienne aisée, lui assuré, artiste mécano, issu d'une famille nombreuse pauvre. Ils font pourtant la paire. Plus rafraîchissant encore, les personnages évoluent dans un sens qui n'est pas celui des stéréotypes du genre et qui cadre tout à fait avec leur personnalité. Le troisième personnage principal n'est autre qu'Inglor le magicien errant. Que dire de lui sinon que Barbara Hambly est véritablement passée maître dans l'art de décrire les magiciens ? On en croise beaucoup dans ses romans. Celui-ci dispose d'une aura particulière. Il ne fait ni partie de la catégorie des magiciens trop bougons – vous savez, ceux qui font souvent figure de vieux maîtres auprès de jeunes orphelins surdoués – ni de ces magiciens trop tête en l'air – ceux qui font office de caution humoristique. Sympathique mais intransigeant, mystérieux mais pas trop, Inglor est l'archétype du magicien avec qui on a envie de partager une aventure.

La narration alterne d'un chapitre à l'autre entre les deux personnages issus de notre monde, Gil et Rudy. Cet effet de style nous fait découvrir d'autres aspects de l'univers, soit en suivant les péripéties arrivées à un seul des protagonistes, soit en nous partageant son regard très particulier sur une même situation. Le lecteur se familiarise donc avec les deux personnages tout en satisfaisant sa curiosité pour l'univers. Ce dernier, sans bouleverser les codes du genre, est intriguant, peuplés de ruines de civilisations détruites et de strates de mystère. 

Vous l'aurez compris, ce roman m'a captivée. J'ai dû lutter pour m'en extraire et descendre à mon arrêt de train pour aller au travail, je l'ai récupéré à la pause déjeuner entre deux bouchées, je n'ai eu qu'une hâte : le reprendre dans les transports du retour. Ce livre est bref... et j'ai regretté d'avoir passé trop de peu de temps avec les personnages, surtout Gil. Heureusement, il s'agit du premier tome d'une trilogie !