Les Chroniques de l'Imaginaire

Ernesto - Duclos, Marion

Ernesto n'est pas le plus grand des bavards, un "taiseux" comme on dit chez moi. Il a connu la guerre civile en Espagne, les exactions de Franco et la haine pour les républicains de tous bords politiques. Ernesto a dû fuir le pays qu'il aimait, pour lequel il a combattu, pour lequel il a donné ses idées. Son pays. Ernesto est en France maintenant ; de l'Espagne, il ne lui reste que son accent. Sa fille et sa petite-fille ne savent rien de sa vie d'avant. Un jour, Ernesto, entouré de ses amis, fait une crise cardiaque. Allongé sur son lit d’hôpital, il prend une décision, il retournera voir son Espagne...

Comme vous avez pu le remarquer, j'ai eu un coup de cœur pour cette BD. Elle est belle, elle est touchante. Elle a réussi à faire résonner en moi un écho de la tristesse absolue que les anti franquistes ont pu ressentir. 

Cette BD s'ouvre sur un long article historique qui remet en contexte l'Espagne sous Franco. L'Italie et l'Allemagne nazie l'ont aidé à accéder au pouvoir, montrant par la même occasion que ces trois partis là étaient foncièrement d'extrême droite, n'en déplaise à certains révisionnistes de l'Histoire. 

Ensuite vient la BD, touchante, avec ses traits pas parfaits, ces cases un peu mal bâties. Au delà de ça, Marion Duclos arrive à nous embarquer dans un road-trip assez peu long en fait. Le voyage est plus un prétexte. Ernesto a quitté une Espagne désunie, meurtrie et en retrouve une solidaire. Avec des différences bien sûr, mais une Espagne qui se parle. J'ai trouvé intéressant le traitement de la parole. C'est une fois qu'Ernesto se rend compte qu'il a perdu sa langue qu'il ressent le besoin de communiquer, de partager, de retrouver sa famille et pourquoi pas de retomber amoureux un jour. 

Il y a aussi le traitement du deuil qui est intéressant mais je ne peux pas en dire plus. Il semblerait qu'un pays manque comme une personne qui nous est chère peut nous manquer. 

J'ai beaucoup aimé cette œuvre et je ne peux que vous la conseiller vivement.