Agnes Lockwood est dévastée. Son amour, Herbert Westwick, Lord Montbarry, est tombé sous le charme de la mystérieuse comtesse de Narona et décide de rompre leurs fiançailles pour épouser cette dernière. Comble du malheur, voilà que des lettres parviennent de Venise, où les jeunes mariés avaient décidé de passer leur voyage de noces : Lord Montbarry est mort et son domestique a disparu. Agnes et ses amis refusent d'accepter une réalité aussi cruelle et soupçonnent la comtesse de Narona et son frère, le Baron de Rivar, d'avoir voulu profiter de la fortune de la famille Westwick. Une enquête commence alors à Venise, dernière résidence de Lord Montbarry, où les événements fantastiques ne tardent pas à s'enchaîner.
On devine l'issue du roman dès ses premières pages mais ici ce n'est pas tant la révélation finale qui est attendue que la manière dont celle-ci va s'opérer et les conséquences qui en découleront. Ainsi, les premiers chapitres semblent d'une lenteur intenable… car le lecteur a hâte d'en apprendre plus. Point d'apparition fantomatique ni même d'hôtel dès le départ, Wilkie Collins est habile en ce sens puisque les premiers chapitres lui servent à instiller le suspense, lentement mais sûrement. Un événement terrible va survenir, quelque chose qui fera basculer la vie des protagonistes. La comtesse de Narona en est persuadée et nous en a persuadé dès l'incipit. Peu à peu, les éléments se mettent en place, de manière inexorable.
Le roman est très court et ne laisse pas l'occasion de s'ennuyer. Bien que cela ne soit pas son sujet principal, il traite de manière délicate la question de la perte d'un être aimé. Cela sonne juste, à mon sens. L'enquête est fort agréable à lire car on se fait rapidement piéger par le rythme créé par l'auteur (j'aime et je déteste ça en même temps !). Je le recommande aux lecteurs friands d'histoires de fantômes mais pas à ceux qui y cherchent beaucoup d'action, ni aux âmes sensibles.