Ce matin de 1953, Amadis Dudu sort de chez lui le pas décidé et prend un bus qui l'amènera au terminus de la ligne, en Exopotamie : un immense désert où Amadis aura la lourde tâche, en tant qu'ingénieur de la Wacco, de construire un chemin de fer.
Dans le même temps, à Paris, on fait la connaissance d'Anne (qui est un garçon) et de son pote de toujours, tous deux ingénieurs à la dérive. Les deux hommes discutent boulot, ce qui a tendance à ennuyer Rochelle, la séduisante petite amie du moment d'Anne. La jeune fille adore danser plus que tout, même si cela ne va pas forcément de pair avec sa formation de secrétaire de direction. Toujours est-il que la vie de ces trois-là est sur le point de changer, lorsque Anne renverse un homme, Cornélius Onte, ingénieur de la Wacco.
Ainsi, le médecin de Cornélius Onte, un homme d'ailleurs passionné d'aviation et de modélisme bien plus que de médecine, décrète qu'il sera impossible à Cornélius de travailler sur ce chantier en Exopotamie. C'est ainsi que Anne et son ami le remplaceront dans ce désert et que Rochelle pourra exercer son métier de secrétaire de direction ! De quoi sérieusement ébranler l'ami d'Anne, qui est complètement amoureux de Rochelle, même si bien trop timide pour le lui avouer...
Les jeunes gens arrivent ainsi à un étrange hôtel, situé en plein milieu du désert : le lieu est situé non loin d'un lieu de fouilles archéologiques et on y retrouve notamment Amadis Dudu, occupé à planifier le futur chantier. Bientôt, c'est toute une armée d'ouvriers qui arrive à cet hôtel, pour le plus grand bonheur de son propriétaire, heureux de faire goûter ses délicieuses pâtes bolognaise...
Mais le chantier prend vite une tournure inattendue, lorsque les nouveaux ingénieurs de la Wacco se rendent compte que le tracé du chemin de fer passe par la destruction de l'hôtel, qui est la seule bâtisse à des kilomètres à la ronde... Une situation ubuesque, d'autant qu'Amadis Dudu refuse de modifier le moins du monde son étrange tracé...
Et puis, il y a toujours l'ami d'Anne, qui supporte de moins en moins la façon dont Anne se comporte avec Rochelle. Une tension amoureuse qui s'intensifie entre ces trois personnages, au fil des pages...
Quelle bande dessinée magnifique ! L'automne à Pékin est une adaptation du roman du même nom de Boris Vian, et il faut reconnaître que Gaëtan Brizzi et Paul Brizzi, deux frères qui ont travaillé sur La Cavale du docteur Destouches (également chez Futuropolis), ont réussi à mettre en image des personnages hauts en couleurs, dans des décors qui sont absolument grandioses.
C'est simple : chaque case est ici un véritable enchantement, un travail d'orfèvre qui ne peut que nous enchanter. Les couleurs, qui étaient absentes de la production précédemment citée, sont en tout point magnifique : c'est beau, juste, jamais flashy, une vraie belle réussite graphique !
Au niveau du récit, on retrouve bien entendu le côté burlesque et déjanté propre aux romans de Boris Vian. Et là encore, les auteurs ont réussi à faire quelque chose de très juste : on ne tombe jamais dans de l'incompréhensible et le côté déjanté est exactement au bon niveau, rappelant parfois des bandes dessinées comme La nef des fous ou encore Azimut. Entre parenthèses, de très jolies références là encore...
Non, vraiment, cette bande dessinée est un coup de cœur largement mérité, et en tous points : à posséder absolument, que vous soyez fan des univers de Boris Vian ou pas !