Il y a eu bon nombre de croisades, durant le Moyen-Âge, qui opposèrent les chrétiens et les musulmans. Et de ces croisades, beaucoup ne revenaient pas, et certains, tout de même, revenaient dans leurs vertes contrées. C'est justement ici le cas du chevalier Brayard qui, tout chantant et tout guilleret, et accompagné du moine Rignomer, est sur le point de terminer sa route et de retrouver sa femme et ses quatre enfants.
Mais les choses prennent rapidement une tournure inattendue, lorsque le duo est attaqué. Non pas par une horde de bandits de grands chemins, mais simplement par une gamine de treize ans à peine, un petit bout de femme maure, qui dit être la princesse Hadiyatallah, la fille de Malik Al-Hakim, atabek de la cité d'Alep. Un homme puissant, qui paiera une fortune pour retrouver sa fille, surtout si celle-ci garde sa virginité intacte...
Brayard parvient rapidement à faire prisonnière cette princesse, et il fait la rencontre de Scorback, un ami de toujours, un peu rude, lui aussi revenu de la dernière croisade. Il invite d'ailleurs ce dernier à se reposer quelques jours dans son cher château, celui qu'il n'aurait jamais dû quitter...
Mais rapidement, devant la laideur de son épouse et la méconnaissance de ses quatre enfants, Brayard se souvient pourquoi il est parti durant ces sept années. Il faut bien le reconnaître : Brayard n'attend maintenant qu'un prétexte pour retourner en croisade, histoire d'échapper à un ennuyeux quotidien. Et bientôt, le prétexte est tout trouvé : il s'agira de ramener cette princesse à son père et d'en profiter au passage pour que Rignomer ramène les véritables reliques de la sainte femme de l'église locale...
C'est Zidrou (connu pour L'élève Ducobu, mais aussi auteur de séries totalement différentes comme Lydie, La Mondaine ou encore Les beaux étés) qui scénarise ce one-shot qui mêle l'Histoire des croisades avec un humour omniprésent et des dialogues parfaitement incisifs.
Chevalier Brayard met ainsi en scène un chevalier qui porte parfaitement son nom. Un être rigolard et ripailleur, qui n'hésite pas à chanter des choses horribles en cavalant et qui est d'une efficacité redoutable au combat, sa fidèle épée à la main. Les temps ne sont pas aux politesses et Zidrou et Francis Porcel nous le font parfaitement comprendre dans ce one-shot.
Comme parfois dans ses séries, Zidrou joue aussi énormément ici avec un humour tordant. Brayard reste de marbre lorsqu'il apprend la mort de nombreux membres de sa famille durant ses sept années d'absence et il s'effondre littéralement en apprenant la mort de son chien. Une séquence en double page qui vaut franchement le détour, à elle seule, le reste étant de la même qualité.
Les dessins de Francis Porcel sont superbes, du même acabit que ce qu'on peut apercevoir sur la très jolie couverture. Les personnages sont travaillés, détaillés, attachants au possible, notamment le trio composé de Brayard (évidemment), Rignomer et Hadiyatallah. Les scènes de combat sont magnifiques, parfois gores à souhait (on ne compte plus les soldats décapités ou presque...), mais jamais dénuées d'un humour particulier, parfaitement trouvé et juste.
Un one-shot de 80 planches tout de même, qui représente un excellent moment de lecture mêlant la violence de l'époque avec un humour d'une grande finesse, qui provoque un délicieux décalage bougrement intelligent. Il serait dommage de s'en priver...