Les Chroniques de l'Imaginaire

Le cosmos est mon campement (La Horde du Contrevent (Delcourt) - 1) - Henninot, Eric

C'est sur un monde étrange que se trouve la cité d'Aberlaas, à l'extrême aval des confins.
C'était il y a 27 ans, à une époque où on retrouve les gamins qui constitueront la 34ème Horde. Celle-ci sera menée par Golgoth, neuvième du nom, celui qui prendra le rôle de traceur, à la tête du fer. Golgoth prendra les vents de face, il le sait bien, et il s'impose, à lui même comme à sa Horde, un entraînement de tous les diables. Un entraînement qui devrait leur permettre de survivre aux furvents, afin d'attendre le but ultime de toute Horde : atteindre l'extrême-amont pour apprendre à y dompter les vents et ce qui est à leur origine...

C'est avec empressement que Golgoth assiste à la nomination des Hordiers. Un empressement qui se ressent lorsque s'ouvrent enfin les lourdes portes d'Aberlaas, sous les cris d'encouragement de la population. Il y a maintenant trois mois à rattraper. Le délai qu'il a fallu attendre pour que les vents se calment pour permettre de fêter dignement ce départ...

27 ans plus tard, les membres de la Horde ont bien grandi. Ils continuent de faire bloc devant ces vents incessants, qui traversent le monde d'Est en Ouest. Outre Golgoth, on retrouve ainsi le prince, Pietro, qui est le véritable liant entre tous les Hordiers. La Horde est protégée par Erg, son combattant protecteur, tandis que c'est l'aéromaître Oroshi Melicetre qui parvient à déchiffrer les vents, et à en prévoir les accalmies, ou au contraire l'apparition mortelle des furvents. Et c'est Sov Strochnis qui fait office de scribe, pour la postérité. Les Hordiers meurent, mais l'esprit demeure. Et Golgoth est persuadé qu'il parviendra à atteindre l'extrême-amont, enfin...

Mais la cohésion du groupe est en danger, d'abord avec la mort du croc Di Nebbé. Et puis, avec l'arrivée de Coriolis, sauvée entre deux vagues d'un terrible furvent, grâce à la bravoure de Pietro. Une bravoure qui lui vaudra une blessure qui s'avèrera lourde de conséquences. Depuis, Larco, le braconnier du ciel, en veut terriblement à Coriolis et il faut toute la force de persuasion de Sov Strochnis pour que la Horde accepte enfin Coriolis, la nouvelle croc...

La Horde du Contrevent est d'abord un extraordinaire roman de science-fiction, particulièrement exigeant, d'Alain Damasio. C'est Eric Henninot qui reprend ici cette œuvre, afin de l'adapter en bande dessinée, chez Delcourt.

D'abord, le livre est l'occasion d'admirer les dessins magnifiques et tout en mouvements d'Eric Henninot. Le monde chaotique, constamment soumis aux rudes vents, est magnifiquement retranscrit ici : le mouvement est constant, l'atmosphère de fin du monde également ; de quoi rappeler toutes les sensations incroyables que tout lecteur du roman initial aura pu vivre.

Les membres de la Horde sont nombreux, avec les 19 personnages, pas moins, présentés dans une première page bienvenue (comme cela était aussi le cas dans le roman d'Alain Damasio). Eric Henninot, dans ce premier tome, prend le parti de ne pas forcément tous les présenter ou les développer, ce qui est particulièrement judicieux. On s'attardera ainsi ici sur les personnages de Golgoth, Sov Strichnis, Coriolis ou encore Pietro Della Rocca. Une complexité adoucie donc volontairement, beaucoup plus adaptée au format bande dessinée.

On retrouve une narration principalement menée par le scribe, en voix off, et on retrouve ce côté onirique et philosophique qui était complètement présent dans le roman. Une adaptation particulièrement réussie donc avec ce premier tome, qui fait honneur à l'original. A découvrir ou redécouvrir absolument...