Nous somme en Égypte, en l'an 51 avant JC. Une jeune femme est installée dans un somptueux navire qui avance de façon majestueuse grâce aux efforts des rameurs esclaves. La jeune femme en question, Cléopâtre VII, Théa Philopator, va devoir prendre son propre frère, Ptolémée XIII Philopator, comme époux. Mais le jeune Ptolémée n'est encore qu'un gamin colérique, plus préoccupé par ses jouets que par le pouvoir qu'il ne soupçonne pas encore. Et il est, de fait, bien incapable d'avoir le moindre rapport sexuel avec une sœur un peu plus grande que lui, qu'il déteste au demeurant...
Mais Cléopâtre est, elle, plus âgée, plus apte à comprendre les événements qui entourent l’Égypte à cette époque. Du côté de Rome, les troupes de César ont franchi le Rubicon, ce qui sera vécu comme un début de conflit par Pompée, à qui Rome appartient encore. Pompée dont les généraux mettent une pression importante sur les épaules des Égyptiens, pour récolter un maximum de blé...
Cléopâtre suit cela pour le moment d'encore assez loin. Pour le moment, elle découvre les plaisirs de son corps auprès d'un jeune esclave noir nommé Hopi. Mais bientôt, comme les Romains se neutralisent entre Pompée et César, la reine d’Égypte décide de temporiser, en interrompant les livraisons de blé. Un pari risqué, à un moment où nul ne sait qui, de César ou de Pompée, sortira vainqueur des affrontements...
C'est dans ses rêves nocturnes que la splendide reine d’Égypte trouve de quoi s'inspirer. Elle rêve souvent d'un jugement que les dieux lui préserveront le jour de sa mort, et qui lui dicteront quelques décisions importantes. Mais pour l'heure, Cléopâtre se lasse de son esclave. Ce dernier, éconduit, décide de faire boire un philtre d'amour à la déesse, afin qu'elle l'accepte de nouveau dans son lit. Un jeu dangereux, à l'heure où le propre frère de Cléopâtre, qui ne supporte plus d'être rabaissé par sa sœur, commande également sa mort...
Les éditions Delcourt n'en sont pas à leur première reine de sang, après Aliénor, Frédégonde ou encore Isabelle la louve de France... Cette collection Les reines de sang accueille donc à présent en son sein la célèbre Cléopâtre, la reine fatale, dont voici le premier tome. Ce sont Marie Gloris et Thierry Gloris qui sont au scénario, et les dessins et couleurs sont assurées par Joël Mouclier.
C'est justement la qualité des dessins qui fait mouche dans un premier temps. Certaines cases de Joël Mouclier sont de véritables fresques, avec des décors grandioses et minutieux, magnifiquement mis en couleurs, avec bien souvent des cieux magnifiques, et des effets de lumières complètement maîtrisés. Les décors sont ainsi bien souvent somptueux, à l'image de ce qu'on peut imaginer lorsque l'on nous évoque les paysages égyptiens. Le dessinateur de Merlin le Prophète, La Rose et la croix ou encore Le Crépuscule des Dieux nous en met une nouvelle fois plein la vue, et dans un registre complètement différent. Les personnages ne sont pas en reste ; les costumes, les silhouettes, les expressions : rien n'est laissé au hasard, et il est clair que chacune des cases de l'album a demandé un gros travail graphique.
Du côté de la narration, là encore, on tient quelque chose d'abouti et plutôt facile à suivre : nous ne sommes nullement dans un cours d'Histoire soporifique, les personnages ont une personnalité intéressante qui aura été insufflée par les scénaristes, et c'est un vrai plaisir que de voir advenir des événements historiques, avec leur impact sur celle qui deviendra une des reines les plus connues de l'Histoire.
Un premier tome qui constitue une adaptation franchement réussie en bande dessinée, qui ne rougira nullement à côté des autres reines de sang si chères aux éditions Delcourt !
