Le capitaine Brahm de l'ordre du bouclier est au sommet de sa carrière. Ses troupes sont victorieuses et c'est l'un des guerriers les plus fameux de son clan. Côté familial, son épouse aimée est sur le point de mettre au monde leur second enfant qui, à sa plus grande joie, se révèle être un garçon. Un héritier pour reprendre la tradition militaire.
Mais, malheureusement, l'accouchement ne se passe pas bien. Ediwin, la mère, meurt de complications peu après. Le rôle maternel est repris par Tiss, la fille aînée.
Le bonheur semble avoir définitivement quitté Brahm. Quelques années par la suite, la malchance se représente. Une mauvaise rencontre et le petit Dohan prend un sale coup. Au revoir, la carrière de guerrier. Adieu, les espérances paternelles.
Il reste Tiss qui veut reprendre les choses en main, à commencer par l'honneur familial, en s'engageant. Contre l'avis paternel. Contre l'avis de son roi. Contre l'avis de la troupe. Mais la volonté d'une naine est infaillible.
Ce cinquième épisodes des Nains clôture une première saison de haute qualité. Pour ce final, Jarry s'est associé à Demare.
L'histoire de Tiss, via son intégration et sa formation guerrière, est sans surprise. C'est assez proche de tous les récits de filles qui veulent entrer dans une force armée (masculine, de fait) contre l'avis de leur entourage. Toutefois, même si ce n'est pas de la plus grande originalité, Jarry développe son scénario avec consistance. Tiss du bouclier fonctionne, accroche de bout en bout. Une bonne aventure mérite de bons acteurs : le personnage de Tiss est particulièrement réussi. On tient à ses côtés. On tient ou on périt comme le plus fier des soldats du bouclier !
Mention spéciale à la fin, épique comme seuls les meilleurs récits de fantasy savent le faire... et dramatiquement émouvante.
Pour boucler cette bande dessinée, Jarry a choisi un gars très doué au dessin. Le trait de Demare, ses lumières, ses ombrages (et les couleurs du Digikore studios, à nouveau impeccables) sont à couper le souffle. Chaque case est une merveille - on s'y attarde rien que pour le plaisir des yeux. Le travail graphique sur cet album est brillant.
Cette réalisation splendide supporte avec justesse l'atmosphère de l'histoire. Chaleureuse entre Tiss et Dohan ; rude sur le terrain d'entraînement et, surtout, angoissante aux côtés de la troupe au milieu des montages glacées. Vous vous rappelez le gouffre de Helm du Seigneur des Anneaux ? L'ambiance qui se dégage de la forteresse coincée entre les falaises est, ici, encore plus saisissante. On se sent minuscule. Écrasé. Cerné.
Passez une musique lourde de Scandinavie en fond et les frissons seront bien présents...
Avec Tiss du bouclier, Jarry et Demare terminent en beauté cette première suite de cinq albums. Tiss du bouclier est, tout simplement, la plus belle réalisation de la série.