Maintenant que la guerre est terminée au profit de l'Allemagne nazie suite à la capitulation anglaise de février 1941, les luttes de pouvoir entre services allemands peuvent se déployer. Ainsi, le général Kellerman, responsable de la police en Angleterre, voit d'un mauvais oeil l'immixtion dans "ses" affaires du Standartenführer Huth, envoyé par Himmler. Douglas Archer, enquêteur vedette de Scotland Yard, se trouve tiraillé entre les deux, alors qu'il ne cherche qu'à faire son travail, qui consiste entre autres à élucider un meurtre intrigant. Il aimerait bien aussi protéger ceux qu'il aime, et si possible son roi et son pays.
Sur fond d'enquête policière se déploie la peinture d'une uchronie tout à fait crédible, et ce d'autant plus que la fin invite à penser qu'elle pourrait n'être finalement qu'un accident temporaire de l'Histoire telle que nous la connaissons.
On y voit les dissensions et les luttes de pouvoir parmi les Allemands, telles qu'elles ont été, ou auraient pu être, dans notre Histoire. De façon plus générale, d'ailleurs, non seulement les situations et l'action sont convaincantes, mais les personnages sont intéressants et crédibles, à commencer par Douglas Archer et Harry Woods, mais aussi le colonel Mayhew, qui représentent à eux trois les différents visages, chacun complexe, de la coopération avec, et de la résistance à, l'ennemi envahisseur. Par ailleurs, les liens faits entre l'Histoire et l'uchronie sont finement tissés.
Pour moi, il s'agit bien d'un roman de SF, qui utilise habilement les codes du roman policier pour évoquer par petites touches un monde possible.
Enfin, la vieille lectrice du genre que je suis n'a pu qu'apprécier le clin d’œil à un roman emblématique de rébellion, mis ici dans la bouche du général Kellerman : "Les repas gratis, Archer, ça n'existe pas. Je suis sûr que vous connaissez cette expression." (page 446).
