Deux ans se sont écoulés depuis la fin de la guerre opposant le petit royaume d'Aizen à Yggländ, sur le continent, mais la paix est encore bien fragile. Ishito Suzuki n'est plus membre de l'armée à présent, mais un pilote pour la compagnie aéropostale. En ce printemps, Ishito fait un petit détour par le port de Yamato sur la demande de sa sœur, restée dans l'armée et désormais capitaine de l'armée de l'air. Quelle n'est pas la surprise de son jeune frère quand celle-ci lui annonce qu'elle souhaite un service très particulier de sa part : devenir la doublure de leur monarque, le prince Asagiho. En effet, un menace plane sur le prince au sein même d'Aizen.
Et Misuzu n'avait pas tort, il ne se déroule pas bien longtemps avant qu'un hydravion ne prenne pour cible le bâtiment où se trouve le "prince". Immédiatement repéré et pris en chasse par l'aviation, l'appareil ennemi est abatu... mais trop tard pour éviter les dégâts : celui-ci se crashe et explose sur le bâtiment...
Par chance, Isuzu a échappé à la mort. Il se réveille sur un étrange navire, gigantesque, reconverti en école d'aviation pour fille. Malgré sa taille, le bateau est déserté par la plupart de ses occupants, appelés à l'effort de guerre ou retournés chez eux par crainte, justement, du retour des conflits. Il ne reste que cinq élèves, et un pauvre hydravion d'entraînement dont le moteur ne tourne même plus rond. Le jeune pilote chevronné qu'est Isuzu, reconnaissant d'être encore en vie malgré de graves brûlures, ne peut que s'intéresser au sort des jeunes apprenties pilotes.
Après une série d'héroïc-fantasy et une autre de science-fiction, Shiono Etorouji s'attaque à un univers de conflit plus contemporain, centré sur des batailles aériennes qui ne sont pas sans nous rappeler les récits entre première et seconde guerre mondiale, façon "Les Têtes Brûlées".
Ce premier volume est dense, lourd d'informations, notamment politiques sur ce monde. Le petit royaume d'Aizen, appartenant à une coalition d'autres royaumes formant le continent-archipel de Remzea, est en proie à une crise politique entre le dirigeant actuel, Asagito, quatrième enfant de l'ancien roi qui l'a désigné avant sa mort, et ses aînés. C'est précisément l'un d'entre eux qui est au commande d'une révolte sur fond d'alliance avec l'ancien ennemi de l'autre continent, Yggländ.
À cause de ce trop plein d'information, les personnages ne sont que peu décrits, en particulier les élèves de l'école de pilotage, et sont vite noyés par les événements. Ceci dit, Shiono Etorouji maîtrise son récit et capte l'attention du lecteur en alternant action et informations.
Côté graphismes, les hydravions sont purement magnifiques, avec leurs spécificités propres. Nul doute que la suite du récit ne les mette fortement à l'honneur, à l'exemple de la bataille de l'avant-dernier chapitre de ce premier volume qui nous donne un aperçu des futures scènes d'action. Nul doute que par la suite les éléments se recentrent sur le petit groupe présenté autour d'Isuzu, personnage principal malgré lui.
Au final, Winged Mermaids s'avère un manga porté sur un sujet peu développé dans les bandes dessinées asiatiques, hormis le célèbre Porco Rosso du non moins célèbre Hayao Miyazaki. Le prochain volume sera décisif pour déterminer si l'auteur se noie dans l'océan de la tâche qui lui est confiée, ou si ses créations ailées sauront nous porter avec le vent du récit. Comme la série est courte avec seulement trois volumes, je suis plutôt confiant.