Le 14 juin 2012 au matin, le temps s'est figé dans l'univers. Protégée par un scientifique visionnaire, Othon, la France a échappé au pire. Le pays est plongé dans une Aurore Immobile, éternelle, condamnée à ne jamais voir le soleil se lever pleinement et pourtant les expériences d'Othon permettent à la vie de continuer. D'autres pays sont moins chanceux. La société française est dès lors partagée entre les Permanents, les Français nés avant le cataclysme et devenus immortels, et les Évolutifs, nés après et capables de vieillir.
Etienne Bressoud est un jeune Évolutif menant une vie tranquille auprès de sa compagne Permanente Cécile et bien installé dans son travail de correcteur aux éditions Moune. Son quotidien est irrémédiablement bouleversé lorsqu'il se voir proposer d'être le nègre littéraire du célèbre Othon et qu'il fait la connaissance de la séduisante fille du scientifique. D'entretiens en entretiens, le passé d'Othon dévoile les coulisses du grand cataclysme de 2012.
Othon ou l'Aurore Immobile est un ouvrage invitant à la réflexion. La société post-apocalyptique décrite par Nicolas d'Estienne d'Orves est glaçante. Les Français se sont adaptés mais à quel prix ? Les conséquences de la « figeation », de l'arrêt du temps, sont nombreuses et dérangeantes, tout autant que les mesures prises pour vivre avec. Le sens de la moralité se trouve grandement bousculé tout au long de l'ouvrage. Les personnages sont ambigus, jamais pleinement lumineux, souvent cruels.
Le protagoniste, Étienne, n'est lui-même pas exempt de défaut. Dès les premières pages, il s'interroge sur la possibilité de profiter sexuellement de sa compagne endormie, qui lui refuse certaines faveurs, et n'y renonce que par crainte de ne savoir lui dissimuler le fait. Le ton était donné : le lecteur ne suivra pas un enfant de chœur dans ce récit, loin de là. On se laisse pourtant entraîner à sa suite à la découverte de la vie d'Othon, plus exactement de sa préparation au cataclysme et de sa prise de pouvoir consécutive.
On pressent l'issue de l'ouvrage bien des pages avant sa conclusion. Pourtant, on dévore ce livre jusqu'à la fin pour en apprendre plus. Le dénouement est à l'image du reste de l'ouvrage, sombre et dérangeant.