Nous sommes à Saint-Petersbourg, au moment d'une fête nationale qui voit des centaines de badauds profiter d'un magnifique feu d'artifice, tandis qu'un joli bateau aux voiles écarlates fait son entrée dans le port. Mais en Russie, l'heure n'est pas à la fête pour tout le monde, notamment pour un milliardaire russe qui s'est éminemment trompé sur un de ses derniers placements. Pour autant, l'oligarque en question n'hésite pas à retenter un coup de poker, en utilisant un milliard de dollars dans une nouvelle opération boursière, réservée aux plus richissimes fortunes de la planète...
Six mois plus tard, c'est sur une plage qu'on retrouve Largo et Simon, à surveiller un certain Igor Maliakov, qui a tout fait pour éliminer Largo. C'est grâce à Saïdée que le riche héritier a pu s'en sortir. Il se trouve que Saïdée s'est, apparemment, donnée la mort en prison. Largo est sur le point d'en savoir plus en interrogeant Maliakov, mais ce dernier est abattu d'un tir de sniper venu d'ailleurs. Un tueur qui n'a pas loupé sa cible. Mais Maliakov parvient à donner un nom à Largo, avant d'expirer son dernier soupir...
Dans le même temps, la journée est terriblement monotone à New-York, pour les traders de Wall-Street. Rien de bien surprenant ne s'est produit de toute la matinée, mais les choses sont sur le point de changer, lorsque le Dow Jones perd plus de mille points en quelques minutes. C'est l'affolement parmi les vendeurs, qui vendent leurs actions à n'importe quel prix. Les marchés boursiers s'affolent, mais la crise ne dure que quelques minutes : le Dow Jones revient au niveau de la matinée en quelques minutes de nouveau. De quoi en profiter pour revendre maintenant, mais à prix d'or...
Suite à cela, une enquête est forcément de mise. Qui donc a bien pu profiter, ou même prévoir, une variation aussi subite ? C'est ce que vont tenter de comprendre le SEC, mais également le FBI. Et rapidement, les soupçons se tournent vers Largo et la société qu'il a héritée de son mentor, Nerio Winch. Largo va devoir, bien vite, s'éclipser du colloque où il se trouve, entouré d'alter mondialistes, pour mener sa propre enquête, au sein de sa propre société. Notamment au sein d'un datacenter qui donne des millions d'ordres de vente ou d'achat, tous les jours, comme bien des ordinateurs dans le monde de la finance, de nos jours...
Ce tome 21 de Largo Winch est un peu particulier. Même s'il est toujours dessiné par Philippe Francq (avec des dessins toujours aussi précis et exigeants), il est l'occasion d'un passage de flambeau entre Jean Van Hamme et Eric Giacometti (déjà scénariste de la série Marcas, maître franc-maçon). Pour autant, le scénariste connaît forcément très bien le personnage imaginé par Jean Van Hamme : la preuve en est immédiatement faite avec un tome qui positionne son scénario dans les arcanes de la finance, comme cela avait déjà pu être le cas dans des tomes comme O.P.A. ou encore Business Blues. De même, le tome est aussi l'occasion de revoir un Largo Winch jeune, encore aux côtés de Nerio Winch, à l'époque.
Philippe Francq a l'occasion en or de nous faire largement voyager avec ce nouveau tome : on est tout à la fois au Mexique, à New-York, à Saint-Petersbourg, ou encore à Chicago, où Largo va annoncer une décision pour le moins inattendue a l'ensemble de son conseil d'administration. L'occasion aussi d'une pointe d'humour parfaitement amenée et dans l'air du temps, au passage.
Finalement, on tient là un tome qui est très abouti graphiquement, et qui parvient complètement à conserver l'esprit de la série. Il faudra pour autant faire un effort de compréhension autour des problématiques financières : rien d'insurmontable et, surtout, cela avait déjà été le cas dans des diptyques précédents. Largo Winch aura encore de beaux jours devant lui, avec Eric Giacometti aux commandes.