Les Chroniques de l'Imaginaire

Batman - The Dark Prince Charming (Batman - The Dark Prince Charming - 1) - Marini, Enrico

Les rues de Gotham n'ont jamais été bien sûres et cela est pire maintenant que le Joker a refait son apparition. Comme une mauvaise herbe qui revient systématiquement, même après avoir frôlé la mort ou la perpétuité... C'est en tout cas ce que se dit Batman lorsqu'il se retrouve à traquer son ennemi de toujours, aidé d'un gang de clowns pour dévaliser une bijouterie de luxe...

Et encore une fois, le Joker parvient à s'échapper, non sans éliminer au passage une bonne partie de ses troupes. L'anniversaire d'Harley Quinn est fortement compromis, maintenant que le superbe collier volé n'est plus qu'un lointain souvenir. De quoi s'attirer encore les foudres de sa fiancée, pour le Joker...

Mais l'énervement est de courte durée, lorsque Harley et le Joker tombent sur un flash spécial pour le moins surprenant : une fille nommée Mariah Shelley attaque Bruce Wayne en justice, pour que ce dernier reconnaisse sa paternité envers sa fille, Alina. Bruce Wayne ne reconnaît ni la mère, ni la fille, mais pour le Joker, cela fait une cible de choix pour attirer Batman dans un nouveau piège...

On ne présente plus Batman, héros DC emblématique et mondialement connu. Batman fait depuis 1939 et son invention par Bob Kane la joie des maisons d'édition. Le héros est noir, tout comme la ville qu'il défend, Gotham City, qui est devenue un personnage à part entière, qui a été copiée depuis, comme le Hell's Kitchen de Daredevil chez Marvel, le concurrent direct.

Mais là, l'originalité provient de l'auteur de ce premier tome de The Dark Prince Charming... Le dessinateur et le scénariste ne sont pas américains ici, et ils ne font d'ailleurs qu'un, en la personne d'Enrico Marini, l'auteur de séries qui ont particulièrement cartonné en France ou en Belgique comme Le Scorpion, Les Aigles de Rome ou encore Rapaces.

DC s'associe donc ici à Dargaud pour sortir cette nouvelle aventure de Batman, de façon conjointe en Europe et au pays de l'Oncle Sam. De quoi permettre à bon nombre d'Américains de découvrir les dessins somptueux, déjà largement connus et reconnus de ce côté de l'Atlantique. Ce n'est pas une surprise : parcourir ces nouvelles planches de Marini est un véritable plaisir ; c'est beau, et à se damner, comme on ne le voit que très rarement dans les comics. Ici, l'accent n'est pas mis que sur les personnages, mais également sur de nombreux détails de la ville de Gotham. Certains dessins en pleine page de Batman sur les hauteurs de Gotham sont particulièrement impressionnants.

Ainsi, les dessins et les couleurs sont bien entendu au rendez-vous : c'est réussi, totalement, et la folie du Joker est complètement mise en avant. L'action est également bien souvent présente, comme il se doit, et les mouvements sont bien là, même avec des dessins beaucoup plus naturellement statiques que ce qu'on trouve habituellement dans les comics. Le rythme est bon, les cadrages sont souvent spectaculaires, en empruntant des plans tout droit sortis de grosses productions hollywoodiennes. Pour autant, le fond est aussi présent, avec cet enlèvement de celle qui serait la fille de Batman. Un enlèvement qui parvient à mettre ce dernier hors de lui...

Il ne reste maintenant qu'à attendre le second et dernier tome de cette histoire pour véritablement juger de la qualité scénaristique de ce diptyque. Pour le moment, cela se met en place, de façon certes magistrale, mais il sera vraiment important de voir la seconde partie. Je ne doute pas qu'elle sera d'un excellent niveau.