Nous sommes dans un futur bien sombre, où l'Humanité est partagée. Il y a les privilégiés, qui vivent dans de grandes mégalopoles appelées les enclaves, et tous les autres : ceux qui n'ont aucun avenir, et qui sont corvéables à merci. Alors, les privilégiés ont eu à se munir de soldats d'élite : la Section d'Intervention. Et Vivian est justement le chef d'une de ces troupes...
Et il en a vu, Vivian, avec les siens, notamment Nadia, Cicero et le jeune Ulrich. Il était présent lors de la perte de l'enclave de Tokyo : une catastrophe qui le hante encore aujourd'hui, même si l'heure n'est pas à flâner sur le passé, mais bien sur la mission présente qui va consister à aider une patrouille en dehors d'une enclave. Un véritable no man's land où les armes vont pouvoir être utilisées dans des conditions réelles...
La mission sera complexe, mais une réussite tout de même, et Vivian et son équipe auront un moment de répit où ils pourront profiter d'un peu du confort qu'ils seront censés avoir après dix années dans la Section d'Intervention. L'équipe prend du bon temps dans un club huppé dont le logo représente un perroquet bleu. Mais la soirée va vite dégénérer, Vivian va prendre un mauvais coup, et il va se retrouver dans le coma plusieurs mois.
A son réveil, son équipe est bien toujours la sienne, mais sa hiérarchie lui impose un suivi psychologique, à lui et son équipe. Et c'est Rachel, qui semble être quelqu'un qui a été proche de Vivian dans le passé, qui jouera ce rôle, en essayant d'être uniquement très professionnelle. Une tension supplémentaire dans l'équipe, d'autant que Nadia s'est rapprochée de Vivian avant son accident...
Richard Marazano et Jean-Michel Ponzio remettent le couvert avec cette nouvelle série qui fait dans le post-apocalyptique. Mémoires de la guerre civile est une série qui est loin de dévoiler tous ses secrets dans ce premier tome. Ce qui n'est pas sans lui ajouter ce mystère qui fait une bonne partie du charme de ce premier tome. Vivian est un personnage rustre, mais qui a tout de même une sacrée dose de complexité. La preuve en est avec ce qui semble être des cauchemars ou des visions, où on voit le soldat se régaler devant des villes en feu. Des visions cauchemardesques d'ailleurs parfaitement réussies graphiquement.
Ainsi, après Le complexe du chimpanzé, Genetiks ou encore Le protocole Pélican, c'est avec un grand plaisir qu'on retrouve ce graphisme si particulier à Jean-Michel Ponzio. C'est une nouvelle fois très réaliste, très sombre et très mouvementé. Presque un roman photo où les personnages sont pris sur le vif. Mention spéciale à Nadia qui est tout de même parfaitement mise en valeur. Ponzio alterne les ambiances chaudes (en boîte de nuit, ou sur d'immenses cases avec des enclaves qui brûlent) et les couleurs beaucoup plus sombres, qui sont légion, et c'est bien normal, dans ce tome.
Un premier tome énigmatique, qui ne se découvre que peu à peu, et qui est doté d'un charme certain. Il sera intéressant de voir comment les auteurs feront évoluer cette nouvelle série qui scelle une collaboration déjà plus que largement convaincante.