Angleterre, de nos jours. Lionel Barrington est un PDG satisfait, après avoir été relaxé par la cour d'appel de Londres. Le magnat de l'armement ne peut être tenu responsable de la mort par balle d'un enfant. Une balle qui provenait d'une de ses usines. Le clan Barrington s'apprête à fêter la bonne nouvelle en privé, mais bientôt la fête tourne au cauchemar : Terry, un des gamins Barrington, voit ses jambes soufflées dans l'explosion d'une mine antipersonnel. Et dans la foulée, c'est l'épouse de Barrington, enceinte, qui marche sur une seconde mine, qui se trouve elle aussi mystérieusement dans le jardin des Barrington...
Londres, 1851 : la capitale britannique est en effervescence pour accueillir la première exposition universelle. Le tout Londres vient visiter la dite exposition et, parmi eux, on retrouve la totalité du clan Winterfield, emmenée par le colonel du même nom. La fille de ce dernier, Jay, ne quitte pas son appareil photo, et c'est en tentant d'immortaliser une Japonaise présente sur un stand qu'elle se rend compte que le bébé que cette dernière porte est mort, sous sa couverture.
L'incident choque Jay, qui aura bien du mal à se consoler. Et pour cause, la jeune et jolie lady a du subir les conséquences d'une erreur de jeunesse, avec un exil en Suisse pour avorter. Toujours est-il que pour la jeune femme de bonne famille, il est hors de question de laisser la jeune femme japonaise dans l'asile psychiatrique où la bourgeoisie londonienne n'a pas manqué de l'envoyer... Et il est également hors de question de laisser le bébé avec une sépulture totalement indécente...
Alors, Jay décide de se rendre à l'asile psychiatrique, puis à l'exposition universelle, sans le consentement de son père, bien entendu... Et ceci pendant que les hommes de la famille Winterfield soumettent William, le petit dernier, à un bien étrange rituel.
Attention, chef d’œuvre avec ce premier tome de Shi, une série scénarisée par Zidrou (qu'on ne présente plus...) et dessinée par José Homs, à qui on doit les magnifiques adaptations en bande dessinée de Millenium, ceux-là même écrits par Stieg Larsson ! Ainsi, la qualité des dessins et des couleurs est vraiment la première chose qui frappe avec ce tome. Bien des ambiances sont présentes ici, notamment avec des flashbacks parfaitement amenés et, à chaque fois, cela fait complètement mouche dans cette Angleterre de différentes époques. Un dessin réaliste tout en ayant une patte personnalisée, cela est assez rare pour être souligné ici, un peu comme les traits d'un dessinateur comme Ralph Meyer (Asgard, Undertaker...).
Les dessins en question sont aussi parfaitement au service du scénario imaginé par Zidrou : les personnages sont convaincants, aussi bien physiquement que dans leurs dialogues ou leurs costumes, et il n'est pas rare d'être en admiration, encore une fois, devant certaines cases, parfois immenses, qui explosent littéralement au visage. Les cadrages sont osés et audacieux, et le rythme du récit est lui aussi à l'avenant : Zidrou maîtrise son sujet, et les flashbacks sont pleinement utilisés dans ce tome. Par ailleurs, les barrières volent en éclat et il est possible d'être choqué, à plus d'un titre, à la lecture de ce tome. On est bien loin des gags de L'élève Ducobu, également sortis de l'imagination du même scénariste.
Shi est une série qui vous surprend et qui vous scotche, par sa qualité graphique et ses situations très rares en bande dessinée (mort d'un bébé, scènes osées qui font légion...). Une série dont on ne peut qu'attendre la suite avec beaucoup d'impatience !