Les Chroniques de l'Imaginaire

Fesolggio l'inexorable fâcheux (Sangre - 2) - Arleston, Scotch & Floch, Adrien

La vengeance... C'est cet esprit qui anime Sangre depuis qu'elle a assisté, toute petite, au massacre de sa famille par ceux qu'on appelle les écumeurs. C'est pour enfin rencontrer l'un d'entre eux qu'elle se rend sur Tarasque. C'est là donc qu'elle espère retrouver celui qui se nomme Fesolggio. Un être qui a été un immense artiste dans sa jeunesse, ce qui lui a valu une estime incroyable de ses congénères. Et cela s'explique notamment par le fait qu'à Tarasque, l'art au sens large est vital. Mais pour de vrai...

En effet, lorsque la pénombre survient sur Tarasque, d'étranges créatures appelées les fluves font leur apparition et assassinent les badauds qui ont le malheur de se retrouver sans une oeuvre d'art avec eux... Ainsi, les artistes sont des gens particulièrement adulés. Mais Sangre va vite s'en rendre compte : Même si Fesolggio a eu son heure de gloire, il n'est plus maintenant qu'un alcoolique notoire, incapable de pondre le moindre dessin valable. Un être qu'il serait facile d'éliminer rapidement...

Mais Sangre ne souhaite pas que cette vengeance soit trop facile, notamment devant un être qui attend justement la mort comme une délivrance. Alors, aidée de son loup, elle va faire en sorte de redonner sa gloire passée à Fesolggio, en commençant par le sevrer complètement en alcool... Les jours en question sont difficiles, mais bientôt l'artiste renaît de ses cendres. Et son charme naturel revient, même si Sangre ne pourra qu'y être complètement insensible...

Autant être très clair : Christophe Arleston et Adrien Floch parviennent à nous pondre ici un second tome tout à fait convaincant. Le monde de Tarasque a un besoin vital d'art, et ce pré-requis est la base d'un monde franchement réussi et soigné, avec des personnages complètement convaincants dans leur rôle. Fesolggio devient quelqu'un de profondément humain, qui n'a rien à voir avec ce qu'on aura pu en penser sur quelques cases dans le premier tome de la série.

C'est aussi à force de flashbacks parfaitement amenés que Christophe Arleston parvient à nous faire presque aimer ce personnage. L'épave redevient presque le bel Italien (et l'Italie - et notamment une ville comme Venise - sert de modèle ici) et cela prend le temps de se faire progressivement et avec beaucoup de maîtrise dans le récit. Pour autant, les auteurs parviennent à ne pas non plus faire passer Sangre pour la méchante de cette histoire, en y incorporant cette tâche d'ombre qui a une influence que l'on devinera grandissante par la suite.

Les dessins d'Adrien Floch (à qui l'on doit déjà ceux de la série Les Naufragés d'Ythaq, toujours chez Soleil, et toujours avec Christophe Arleston) sont toujours magnifiques : Les traits sont d'une grande finesse et le personnage de Sangre n'aura pas fini de faire fondre les cœurs des personnages masculins, comme des lecteurs ! Les cadrages sont intéressants, les plans serrés accentuent la dramaturgie de certaines scènes de façon efficace, et les couleurs de Claude Guth sont elles aussi à saluer, avec de bien jolis cieux, et des effets de lumière eux aussi très convaincants.

Ce second tome confirme tout le bien que l'on devinait déjà avec le premier tome, en assurant un vrai intérêt suscité chez ce premier écumeur. Il va falloir maintenant espérer que les personnages suivants seront traités avec la même efficacité, et surtout avec la même originalité.