Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Triomphe ou la Mort (Libertalia - 1) - Miel, Rudi & Pigière, Fabienne & Grella, Paolo

Le jeune Misson vit encore en Provence, aux crochets de ses parents, lorsqu'il rencontre leur hôte du soir, le comte Lionel de Saint-Jean. Nous sommes alors en 1697, et le comte ne tarde pas à prendre en grippe son jeune invité. Ce dernier écrit des livres qui dénoncent les esclavagistes encore présents en France, et il se trouve que le comte possède justement une bonne quantité d'esclaves. Il ordonne d'ailleurs à son jeune invité de l'aider à en abattre quelques-uns, sur le champ...

Misson est alors particulièrement choqué par rapport à ce qu'il vient de voir. Le jeune homme se décide enfin à se rebeller, et à quitter le nid familial. La cause qu'il défendra est simple, puisqu'elle consistera à lutter contre les esclavagistes.

C'est ensuite à Rome que l'on fait la connaissance d'un prêtre, le jeune Carracioli. Le jeune curé n'est pas contre une partie de jambes en l'air de temps à autre avec les jolies fidèles qui passent dans son église, mais il veille à ce que les pauvres du quartier aient à manger, même dans de faibles quantités. Sa foi en l'Eglise est ébranlée, lorsqu'il se rend compte qu'il n'arrive à obtenir que du pain rassis, alors que les banquets de sa hiérarchie sont régulièrement luxueusement fournis.

La rencontre de Misson avec Carracioli va aboutir a une solide entente, après que Misson se soit retrouvé à fuir la Provence après avoir tiré sur le comte de Saint-Jean. A présent, seule la mer peut représenter un refuge suffisamment sûr. La mer, et des désirs de liberté qui vont bien au-delà pour le jeune Misson. Ce dernier ne souhaite pas devenir pirate, mais il souhaite tout de même trouver un lieu où la liberté ne sera pas un vain concept...

C'est le talentueux dessinateur italien Paolo Grella qui est aux commandes pour les dessins de ce premier tome de Libertalia, une série qui paraît chez Casterman. D'emblée, on reconnaît la finesse du trait du dessinateur de séries comme Le manuscrit interdit, ou encore Galkiddek, chez Delcourt. Sans être irréprochables sur toutes les cases, les dessins demeurent vraiment soignés, avec des costumes d'époque qui sont réussis et convaincants, et certains paysages, notamment maritimes, sont de toute beauté. Il en va de même pour les scènes de combats contre les pirates, car cette série est avant tout une série sur la piraterie, justement...

C'est Rudi Miel qui scénarise cette série, à quatre mains avec Fabienne Pigière, dont on tient ici le premier scénario de bande dessinée. Les événements parviennent à être suivis sans trop de difficulté, même si on peut reprocher au tome de se dérouler vraiment très rapidement. Un personnage a un projet de vie qui va la chambouler : qu'à cela ne tienne, le voilà en pleine nouvelle situation sur la planche qui suit. Ceci est parfois assez déroutant, rendant même le récit assez haché.

Pour autant, même si ce constat de rapidité m'a tout de même gêné dans la lecture de ce premier tome, force est de constater qu'il n'est pas dénué d'intérêt, notamment sur le plan graphique. J'espère à présent que les défauts de narration, qui ne sont tout de même pas non plus catastrophiques et irrattrapables, seront bien gommés dans la suite de ce triptyque.