Rona arrive à New York avec son grand-père, afin de fêter les 90 ans de sa sœur qu'il n'a pas vue depuis des décennies. Elle est en pleine déception amoureuse, récemment au chômage, et se dit que cette escapade de l'autre côté de l'Atlantique ne pourra pas lui faire de mal. C'est là qu'elle rencontre pour la première fois Marie, sa grand-tante.
Marie va lui raconter son histoire et c'est bien là le cœur du roman. En 1932, Marie est une toute jeune femme qui vit chez ses parents en Frise orientale. Mais elle a le malheur de tomber amoureuse de l'instituteur, qui est protestant alors qu'elle est catholique. Le père de Marie n'acceptera jamais ce premier amour avec un homme d'une autre confession religieuse et envoie la jeune femme auprès de ses frères qui se sont établis à New York. Le frère qui la rejoint pour ses 90 ans restera en Allemagne, alors que c'était lui qui était voué à gagner les États-Unis.
De fil en aiguille, de souvenir en souvenir, Rona apprendra tout du passé de Marie, surtout du succès qu'à connu le coffee-shop tenu par la fratrie à Brooklyn lorsqu'elle y a proposé son fameux cheesecake, dont elle n'a jamais révélé la recette à quiconque. Car cette recette contient un ingrédient spécial, qu'on ne communique qu'à une seule personne dans sa vie afin qu'elle perpétue la tradition. C'est cousu du fil blanc, mais est-ce bien important ?, c'est Rona qui héritera de la recette.
C'est un roman un peu fleur bleue, avec des bons sentiments qui dégoulinent comme le coulis de fruits rouges sur le cheese-cake. Mais que ça fait du bien quand c'est bien raconté ! Marie est d'emblée attachante, elle qui se voit contrainte de laisser son amour derrière elle et de ne se contenter que de lettres pendant trois ans. Elle est courageuse et fait tout son possible pour aider ses frères, travaillant où elle peut et fermant les yeux sur leurs petites affaires pendant la Prohibition.
On plonge aussi dans la culture allemande, perpétuée dans le quartier de Little Germany. Et puis il n'y a pas que de bons sentiments, Marie évoque la tante dont elle tient la recette qui a mystérieusement disparu parce qu'elle était mariée à un juif. Elle connait des déceptions sentimentales qui en auraient anéanti plus d'un. Mais toujours elle se relève et surtout, c'est mièvre à souhait mais tellement vrai, elle nous montre qu'il faut toujours écouter son cœur.
C'est une lecture parfaitement agréable, romantique, féminine et dépaysante. Le seul souci est ce goût de cheesecake qu'on a sur la langue tout au long du roman sans jamais parvenir à mordre dedans.