Désormais, l'Humanité le sait : les extra-terrestres de la planète Trisolaris sont en route. Ils viennent de commencer la route longue de plus de quatre années lumières qui les sépare de la Terre. Et ce voyage prendra quatre siècles, selon les estimations terriennes. L'information est terrible, déroutante même, pour l'Humanité, qui va devoir apprendre à travailler dans un but commun : bâtir un plan pour repousser les envahisseurs.
Mais cela ne sera pas simple, avec les fameux intellectrons, qui ont la propriété de surveiller tout ce qui se passe sur la planète, bloquant ainsi toutes les avancées scientifiques dans le domaine de la physique... Pour autant, une lueur d'espoir reste permise : si les intellectrons peuvent rapporter le contenu des conversations, de tout ce qui transite sur le web ou autre, il est impossible pour les Trisolariens de déterminer ce que pensent vraiment des individus isolés. Par ailleurs, un Trisolarien est incapable de cacher une information à l'un des siens : c'est un concept que les extra-terrestres n'ont pas, eux qui communiquent par ondes cérébrales...
Alors, même si l'Humanité est partagée sur la manière d'accueillir les extra-terrestres, notamment autour de l'Organisation Terre Trisolaris, il est décidé de mettre en place le programme Colmateurs. Les colmateurs en question seront au nombre de quatre : trois personnes influentes dans les médias, les sciences ou encore la politique. Et un illustre inconnu. Un Chinois dénommé Luo Jin. Un Chinois qui a eu le privilège de pouvoir discuter des bases de la cosmosociologie avec Ye Wenjie, celle par qui tout a commencé...
Mais pour les Colmateurs, la tâche s'avèrera ardue : ils seront les cibles de l'OTT, et également les cibles privilégiées des intellectrons, qui feront tout pour les empêcher d’échafauder des plans de contre attaque durant les quatre siècles en question. Et malgré la présence des intellectrons, l'Humanité aura tout de même l'occasion de progresser dans d'autres domaines scientifiques. La cryogénie en fait partie, et cela sera même un excellent moyen de retrouver des hommes de notre temps deux siècles plus tard. Avec des facultés de réflexion, propres à notre époque, qui seront bien utiles dans cet avenir.
D'autant que bientôt, les quatre siècles en question sont remis en cause. C'est en observant la traversée de nuages sidéraux que les observateurs ont pu voir des trainées d'engins qui sont plus rapides que d'autres. D'après eux, une première sonde devrait arriver sur Terre dans deux siècles. Une sonde qui fait déjà s'interroger les humains, qu'ils soient partisans de l'évasionnisme ou pas...
Après Le problème à trois corps, qui nous avait fait une très forte impression en 2016 lors de sa sortie française, autant être clair : cette suite est tout à fait digne du prédécesseur ! Liu Cixin frappe très fort, dans tous les sens du terme, avec La forêt sombre, qui paraît en France chez Actes Sud. Encore une fois, on retrouve cette écriture d'une grande fluidité propre à Liu Cixin. Les personnages sont nombreux et complexes, mais ils deviennent très rapidement particulièrement attachants, que ce soit Luo Jin, colmateur inattendu, ou des personnages comme Zhang Beihai, Rey Diaz (un autre colmateur), ou Da Shi...
Liu Cixin prend encore une fois le temps pour développer son récit, les relations entre les personnages sont soignées, et le développement de l'histoire n'est pas ici quelque chose qui tombe dans la facilité, comme c'est bien trop souvent le cas dans les superproductions hollywoodiennes. La lecture de La forêt sombre reste un moment exigeant, mais quel régal lorsqu'on entre dans cet univers ! Encore une fois, c'est totalement digne d'un auteur comme Isaac Asimov, dans la complexité de l'intrigue, les rebondissements que l'on n'attendait pas, ou dans cette partie qui n'a rien à envier aux meilleurs space-opéras... La technologie trisolarienne est terriblement en avance sur la nôtre, et on en frissonne régulièrement dans ce second tome de la trilogie trisolarienne.
Un livre majeur de 2017, tout simplement, à côté duquel il est impensable de passer, que l'on soit fan de science-fiction ou non...