Hannibal le sait désormais : il ne peut plus attendre de renforts par son frère, Hasdrubal Barca, qui a perdu une importante bataille, et dont il vient de recevoir la tête... Pire que cela, Carthagène a été prise par Scipion, et le rapport de force semble maintenant tourner en faveur des Romains. Mais tout n'est pas si rose pour le stratège romain : il est en Hispanie, très malade, et le moral de ses alliés est en baisse. Les discussions vont bon train pour décider si on reste ou pas avec le jeune Romain, qui montre des signes de faiblesse.
Et pourtant, tout va encore basculer en faveur de Scipion : il se retrouve face à la gigantesque armée d'Hasdrubal Giscon, particulièrement aidé par des soldats lybiens, et par les cavaliers numides de Massinissa. Ce dernier réprouve l'utilisation des éléphants dans les attaques, car il sait que ses chevaux peuvent avoir des réactions imprévisibles. Mais Hasdrubal Giscon n'en a que faire, et il menace même de mettre un terme à la relation entre le chef numide et Sophonisbe, la perle de Carthage, qui n'est autre que la propre fille d'Hasdrubal.
Ainsi, malgré la maladie et le nombre d'hommes qui est défavorable, Scipion va parvenir à ruser pour vaincre, en empruntant une stratégie utilisée par Hannibal lors de la bataille de la Trébie. Scipion attend que la pluie, froide et diluvienne, tombe, et attaque à l'aube, à un moment où ses ennemis n'auront encore rien avalé. Et il n'est pas bon de faire la guerre le ventre vide... Le temps joue en la faveur des Romains, la victoire est bientôt totale, et Massinissa est de son côté fait prisonnier par Scipion et son armée.
Mais au lieu de tuer le chef numide, Scipion a un tout autre plan : il sait que rallier les numides ferait de son armée une entité invincible. Et il compte maintenant jouer sur la rivalité entre Massinissa, chez des numides orientaux, et Siphax, chef des numides orientaux. C'est donc chez ce dernier que Scipion et ses généraux se rendent, afin de parlementer sur un rapprochement avec Siphax. Mais la surprise est de taille, lorsque Scipion se retrouve à parlementer avec Siphax, mais aussi Hasdrubal Giscon. Et ce dernier a un présent de taille à offrir à Siphax, pour que celui-ci préfère rejoindre les armées d'Hasdrubal, au lieu des armées romaines. Une surprise de taille, qui ne plaira pas à Massinissa...
Ce onzième tome de Ad Astra est encore une fois l'occasion de se retrouver plongé dans de gigantesques batailles visant à chasser, à terme, Hannibal du sud de l'Italie. Mihachi Kagano se régale à faire évoluer ses personnages, et cela se ressent encore une fois, tout au long de la lecture de ce nouveau tome. Les dessins sont encore une fois à l'avenant : c'est fin et détaillé, bien plus que dans la plupart des seinen, les stratégies sont parfaitement expliquées, et Scipion se révèle être un personnage central redoutable, autant sur un champ de bataille que dans les travées du sénat, en tant que nouveau consul romain.
Les tensions entre les personnages sont vives, notamment avec Siphax, qui a ce côté à la fois sympathique et terriblement calculateur. Un personnage qui n'aura pas forcément choisi le bon camp, au vu de ce qui se passera avec une armée pourtant gigantesque. Scipion est un stratège hors pair, qui n'hésite pas à sortir du cadre pour parvenir à ses fins, et cela donne un nouveau tome d'Ad Astra particulièrement spectaculaire et riche en rebondissements.
Ad Astra est une série historique sur laquelle il faut compter, tout comme Cesare, et ce n'est pas ce onzième tome qui nous fera changer d'avis...