Tire-d'Aile est un petit garçon de bois, qui a vu le jour dans l'atelier de maître Saule, un puissant magicien vivant discrètement dans un village reculé. Bien plus qu'une marionnette animée, Tire-d'Aile a réellement l'âme d'un enfant, et il s'émerveille de découvrir l'existence aux côtés de son créateur.Mais bien trop vite, son destin bascule. Maître Saule est capturé par les légions impériales. Tire-d'Aile doit fuir, emportant avec lui une petite flamme - animée également - qu'il lui faut protéger. Ne sachant ni ce qu'il est réellement, ni ce qu'il est destiné à accomplir, l'enfant de bois va se lancer dans une dangereuse épopée pour rejoindre les hommes-loups des terres sauvages d'Uriam, où il espère recevoir des réponses et pouvoir reprendre le fil de sa vie. Heureusement, il va croiser sur sa route nombre de bonnes volontés qui vont lui apporter leur aide pour surmonter les nombreuses épreuves qui l'attendent.
Dans ce premier tome de ce qui s'annonce comme un diptyque, Philippe Tessier nous entraîne dans un univers de fantasy proposant tous les éléments usuels du genre : sorciers et magiciens, licornes et pégases, dragons, géants, etc. La magie est omniprésente, imprégnant la nature : les animaux parlent, les plantes peuvent tendre des pièges... Il y a des centaines d'années, les hommes ont banni les dieux, et depuis les Légions Hérétiques traquent impitoyablement les moindres traces divines. Des traces comme celles qui se logent au cœur de la fameuse petite flamme, par exemple... Et donc, dans un monde où la guerre est monnaie courante, Tire-d'Aile et ses amis vont se retrouver pris au milieu des conflits qui agitent les différents peuples.
L'auteur fait montre de beaucoup d'imagination : j'adore le Phénix qui renaît littéralement de ses cendres tous les jours pour éclairer la Terre, la manière dont on peut marcher au dessus des nuages, la Mort qui détache les âmes... Il a plein d'idées et veut nous en faire profiter. Hélas, le mieux est l'ennemi du bien : Parfois, souvent même, on reste avec une impression de "trop". Voulant trop bien faire, l'auteur n'a pas su choisir ! Et cela résulte par un groupe de personnages entourant le héros qui croit à chaque page, pour finir avec un véritable cirque ambulant : une araignée de cristal (Cristal), un vieux loup blanc (Nacre), une fée de la rosée (Rose), une femme qui a le don de ne pas attirer l'attention (Ombre), un souvenir (maître Ellyas), un homme ami des loups (Sulran), etc. Pour moi, tous ces personnages, c'est nettement trop : on n'y gagne pas en variété mais en lourdeur, l'auteur tenant à nous faire suivre sans cesse les situations de tous ces personnages ; d'autant que bien souvent, cela ne varie guère : l'araignée est sur l'épaule du pantin, le souvenir flotte au dessus de lui, la flamme est dans sa lanterne, la fée sur la tête du loup...
La lecture est agréable, mais le style n'est pas toujours homogène : on sent régulièrement une certaine recherche (sans aller jusqu'à l'envolée lyrique pesante, c'est impeccable), mais cela alterne avec des passages au style très basique. Là encore, l'auteur peine parfois à alléger son texte des éléments inutiles, à suggérer sans dire : par exemple, les voyageurs se sont levés, ont déjeuné et puis... tadaaam... "ils partirent". Waouh.
Le livre s'achève sur une situation délicate pour le petit enfant de bois. Accablé par les révélations qui viennent de lui être faites sur sa nature, il doit faire face à des choix difficiles engageant l'avenir du monde, mais également à des gens qui souhaitent l'utiliser sans tenir compte de ses propres vœux. L'intrigue s'interrompt en pleine action, amenant le lecteur à attendre le tome suivant pour savoir comment tout cela va tourner.
Au final, c'est donc une lecture plaisante, mais qui ne restera pas dans mes annales car j'ai eu du mal à vraiment rentrer dedans et à m'attacher aux trop nombreux personnages. Une quête classique pour sauver le monde, aux nombreux rebondissements mais sans grande surprise tant ils s'enchaînent de manière évidente.
