Tibor rentre de Turquie pour identifier le corps de sa femme, morte dans un attentat terroriste. Elle est morte en mission humanitaire en essayant de sauver ceux qui l'ont tuée. Il l'avait suivie jusqu'en Anatolie pour faire un reportage photographique et il était là lors des derniers instants de Mélanie. A bord d'un merscher, un gros tank qui peut résister à toutes sortes d'attaques, il traverse la RIGB, la République Islamique de Grande Bretagne, pour se rendre à Londres et prendre des informations des hautes autorités et comprendre ce qui se passe en RIGB.
Mélanie a subi une attaque qui n'a rien laissé à part un triangle équilatéral parfait au sol. Il n'existe plus rien dans ce triangle, rien qu'une tache noire. C'est assez bizarre mais la même attaque s'est produite à Londres, dévastant un quartier entier et faisant plusieurs centaines de milliers de morts d'un coup.
Lors de la Première Guerre Mondiale, un magicien est invité par l'armée afin qu'il puisse les aider à rendre les avions invisibles lors des missions de reconnaissance et pour faire des photos des installations allemandes. Il y fait la connaissance d'un illustre personnage de la littérature et, lors d'une conversation somme toute anodine, les deux vont comprendre pourquoi ils ont été invités à cette guerre...
Si vous avez bien vu, en préambule de cette chronique, ce livre est un immense coup de cœur. Mais - car il y a un mais - je ne peux pas vous dire pourquoi j'ai aimé ce livre sans vous livrer des éléments importants de l'histoire. Sachez juste que c'est très très bien écrit et probablement très bien traduit aussi. Par conséquent, je me retrouve bien embêté pour vous donner mon avis sur ce roman.
Je vais donc couper cette chronique en deux avec une première partie ma foi assez neutre je l'espère et une autre où je vais plus rentrer en détail de ce qui m'a fait aimer ce livre.
Pourquoi j'ai aimé ce livre, sans trop vous en dire. Et bien tout d'abord parce que Priest s’attelle à livrer dans chacun de ses romans un univers cohérent empreint de mystères, de surnaturel et de fantasy. On y retrouve les thématiques chères à l'auteur comme le pouvoir de l'illusion, les guerres mondiales et les climats d'hostilités partout dans le monde. Il y dépeint aussi un Royaume-Uni qui est devenu un état islamiste, mais sans aucun jugement raciste ou autre, ce qui donne une vraie épaisseur au récit. Elle est devenue islamiste à cause des changements climatiques partout dans le monde, faisant ainsi un afflux massif d'immigrants souhaitant tout simplement sauver leur peau.
Il fait aussi référence à un monde où l'Homme a détruit sa planète et où les catastrophes climatiques se déchaînent et sont vraiment très violentes, le petit détail plutôt drôle c'est que les tornades et ouragans sont tellement fréquents que pour les nommer les autorités sont obligées d'aller piocher dans les noms de la pop culture pour les identifier. Ce qui crée un vrai décalage entre la violence climatique et le nom qu'elles portent. L'histoire est en elle-même une formidable leçon de narration, où des histoires à tiroirs s’emmêlent, se font et se défont, et où la fin nous donne simplement envie de relire ce livre tout en sachant tout ce qu'il se passe et d'avoir un vrai regard neuf sur la narration à la deuxième lecture.
Maintenant à partir de ce paragraphe, soit vous avez lu ce livre et du coup vous savez déjà ce qu'il se passe, soit vous n'avez toujours pas lu ce livre (Allons ! Courez-y !) et vous ne voulez pas savoir ce qui se passe.
Attention dernière chance...
Ce pourquoi j'ai aimé ce livre, c'est surtout parce que Priest ne nous parle pas en tant que lecteur mais en tant que lecteur intelligent ! Cet univers et ce triangle n'est en fait qu'une porte dimensionnelle vers une Terre parallèle. Et du coup, la narration devient une narration en miroir avec un renversement des valeurs d'un monde à l'autre, où les personnes sont le reflet inversé de ce qu'elles sont d'un monde à l'autre. C'est d'ailleurs suite à une erreur que l'un des narrateurs va comprendre et nous faire comprendre ce monde et cet univers !
J'ai aimé ce livre parce que, rien pour cette thématique qui aurait pu nuire au récit mais qui n'en est rien, l'auteur nous livre par conséquent une réflexion sur l'être humain avec sa dualité constante et une réflexion aussi sur nos propres peurs de l'étranger, de l'étrange et de la conception de la société et des opinions politiques avec des ponts entre les deux univers. Comme si il était impossible de ne pas avoir une oligarchie qui possède tout dans une société humaine.
Ce roman est brillant et, bien qu'il soit long, il est très intéressant et je n'ai pas réussi à le lâcher. C'est un récit passionnant, pertinent, très intelligent et probablement le meilleur de Priest à ce jour !
Quel beau cadeau de Noël à faire à tous les amoureux de la SF !
Bref, vous l'aurez compris, c'est un chef d’œuvre à posséder et en plus un des rares roman qui peut se relire encore et encore et encore !