A l'occasion du centenaire de sa mort en 1918, Folio propose cette biographie de Gustav Klimt écrite par Serge Sanchez, journaliste spécialiste de l'art. Pour une meilleure compréhension de la vie de l'artiste, l'auteur propose de l'aborder en toute logique de manière chronologique. Mais la particularité, c'est qu'il va aussi s'attarder sur le contexte politique et artistique de l'époque en profondeur pour véritablement inscrire le peintre dans son temps.
Nous commençons par apprendre que Klimt est issu d'une famille modeste de Vienne, dont le chef de famille était graveur sur or. Ce qui peut expliquer l'inclination de Gustav pour l'art, et notamment ses tableaux remplis de dorures, parmi lesquels Le baiser ou Danaé. Le frère de Gustav, Ernst, est lui aussi peintre. Mais malgré des débuts prometteurs au sein d'une association avec Gustav et un ami, il connaîtra une carrière courte à cause d'une mort prématurée.
Serge Sanchez nous montre comment Klimt parvient à se faire un nom, en fondant avec d'autres la Sécession, qui réunit des artistes qui ne se reconnaissent plus dans le classicisme et conversationnisme ambiant. Il y aura par la suite des commandes pour l'Université, pour des portraits bourgeois... Mais Klimt refusera toujours d'obéir à ce qu'on attend de lui. Ce qui lui vaudra le refus de ses œuvres La philosophie, La médecine.
Gustav Klimt apparait comme un personnage discret, pas forcément ambitieux mais sûr de ce qu'il veut faire. Son art à lui, quels que soient les retours. Quand une de ses œuvres faisait polémique, il invoquait la maxime "On ne peut pas plaire à tout le monde". Cela lui a valu le refus de titularisations aux postes de professeur, de toiles...
En privé, Klimt est resté aux côtés de Emilie Flöge toute sa vie, avec qui personne ne sait réellement dire s'ils avaient une relation charnelle ou purement platonique. Cela ne l'a toutefois pas empêché d'avoir de nombreuses maîtresses et, par la force des choses, enfants.
Le travail de Serge Sanchez est très abouti. Il nous plonge totalement dans la vie viennoise, avec le souci de l'esthétisme voulu par l'Empereur, les changements de cap artistiques, l'avènement de nouveaux artistes, mais aussi la montée de l'antisémitisme, les influences étrangères... L'auteur propose plus qu'une biographie, il fait lui-même la peinture figurative de l'environnement de Klimt.
Klimt aura en tout cas connu un grand succès de son vivant, avec des œuvres inimitables et magnifiques, parfois japonisantes, parfois remplies d'or. Et on garde en souvenir la force et la puissance de ses personnages féminins espiègles et fiers.