Malcom a onze ans et travaille à l'auberge de La Truite tenue par ses parents. C'est un petit garçon fort intelligent et gentil qui en plus est toujours prêt à rendre service. Pas seulement à ses parents, mais également aux sœurs qui habitent au prieuré pas trop loin de l'auberge. Alice travaille aussi à l'auberge, elle a douze ans et s'amuse tous les soirs à embêter Malcolm. Notre héros a la fâcheuse tendance d'écouter ce que les clients disent quand ils sont à table : parfois ils parlent de physique quantique, parfois de philosophie, parfois même de religion et du prieuré justement.
Un soir, Malcolm écoute trois personnes qui ne ressemblent pas à la clientèle habituelle, plus guindés, ressemblant même à des érudits...
Les trois personnes se mettent à parler et à apprécier Malcolm. Tous les trois évoquent une petite fille du nom de Lyra, une enfant abandonnée par ses parents qui sont de la haute société si on croit les bruits de couloirs.
Malcolm se rend au prieuré et questionne les sœurs qui lui confient que ce n'est pas une légende, un bébé a bien été déposé au prieuré. Malcolm se prend d'affection pour le bébé. Mais cet enfant attise les convoitises les plus obscures. De découvertes en révélations, Malcolm est sur le point de vivre une aventure aussi grande que la voix lactée. Heureusement que Malcolm peut compter sur son canoë La Belle Sauvage. Les gitans prédisent une crue gigantesque de la Tamise...
Cette nouvelle trilogie s'annonce grandiose ! Non seulement le tome un est bon, mais en plus Philip Pullman réussit à parler de son monde au travers du regard d'un nouveau héros, qui n'est pas un inconnu total pour tous ceux qui ont lu la première trilogie. Le parti pris est très intelligent et cela renforce l'attrait pour la découverte de cette nouvelle trilogie
C'est un récit qui a réussi à me prendre dès les premières pages et qui ne m'a pas lâché jusqu'à la fin. La magie de la première trilogie est bien là et a même réussi à faire resurgir des souvenirs d'il y a longtemps quand j'ai découvert A la croisée des mondes.
Maintenant, si vous voulez bien, nous allons entrer un peu plus en profondeur dans l'analyse de cette œuvre et j'ai peur de devoir vous prévenir qu'à partir du prochain paragraphe je risque de divulgâcher (oui c'est la traduction idoine de spoiler en anglais et c'est un mot valise que je rêvais de placer).
Arrêtez-vous tout de suite de lire cette chronique au-delà de ce paragraphe : personne ne pourra me dire que je n'ai pas prévenu.
Au delà du fait que j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver cet univers et des personnages que j'adore détester, j'ai surtout retrouvé le style de Pullman et la façon si géniale qu'il a de captiver un lectorat en très peu de pages. J'ai surtout retrouvé un auteur au crépuscule de sa vie qui nous livre une réflexion supplémentaire sur la place - je suis content, j'ai réussi à ne pas dire beaucoup trop importante et mortifère - de la religion dans une société. Et en livrer une analyse plus fine, plus sage même. Il n'y a plus autant de verve anticléricale ici mais plus une acceptation modérée de la religion. Si la religion ne part pas dans un excès de zèle alors elle peut apporter à une société, à contrario si elle dépasse les limites et se fait garante d'une quelconque morale, ça aussi on peut en reparler, et si elle se fait pouvoir politique absolu alors nous sommes tous en droit de la rejeter et de la combattre.
J'adore ce nouveau message !
Dans les points négatifs, parce qu'il y en a, peu mais il y en a, je dirais que la fuite des deux héros aurait pu être plus courte et plus dense. Mais quelque part, il bien fallu introduire le CDC (ceux qui l'ont lu, ne dites rien aux autres...), et la Ligue de Saint Alexander. En plus du parallèle évident avec l'obscurantisme, on y voit aussi une montée des extrêmes religieux dans une société et par conséquent cela permet à Pullman d'établir une réflexion plus poussée sur la place que prend la religion dans notre société moderne.
C'est une trilogie plus adulte qu'elle n'y paraît. Les thèmes abordés sont plus mûrs et plus engagés. Et comme pour les écrits de Jack Vance, je ne sais toujours pas si l'univers créé par Pullman se situe dans un futur apocalyptique où le monde serait dépourvu d'électricité ou bien si cet univers est un univers parallèle où l'humanité n'a pas eu besoin de la développer. J'adore ce monde !
Bref, vous l'aurez compris, je suis un fan de la première heure et je n'ai pas été déçu de retrouver ce monde qui m'a tant plu étant petit. C'est un véritable coup de cœur et j'ai grand hâte de découvrir la suite !