Dans la cité de Thâ, l'heure est à la tristesse, pour le prince Humoun. Frange, le maître d'armes, vient de lui annoncer la perte du chevalier Bragon et de son élève, Bulrog. Frange omet, évidemment, de dire que c'est lui qui les a entraînés dans le guet-apens qui a provoqué leur disparition... Humoun est heurté, bien entendu, et il sait qu'il va devoir l'annoncer à Mara, sa fille, amoureuse de Bragon depuis quelques temps...
Mais ce que Humoun et même Frange ignorent, en tout cas pour le moment, c'est que Bragon et Bulrog sont bel et bien vivants. Et ce, même si le puissant chevalier a perdu une partie de sa mémoire. Bulrog veille bien sur lui, et organise des combats de rue, que Bragon passe son temps à gagner. L'argent ainsi remporté devrait permettre l'achat prochain d'une monture, qui permettra aux deux survivants de revenir à la ferme de la mère de Bragon...
Pourtant, les choses vont prendre une autre tournure, à cause des membres de l'Ordre du Signe, ceux-là même qui attendent avec impatience le retour de Ramor. Et c'est sous la forme d'un petit vieillard que la menace va faire son apparition. L'être en question a le pouvoir de prendre le contrôle des simples d'esprits, et il peut en faire ce que bon lui semble. Les simples d'esprit, mais également les personnes qui ont perdu la mémoire, justement...
Il n'en faut pas plus pour qu'un plan maléfique soit monté : en prenant le contrôle de ce vieil homme et de Bragon, l'Ordre de l'Esprit a là une occasion unique d'éliminer le prince Humoun et sa fille, Mara. Et quel choc pour tout le monde de voir que ce sera le chevalier Bragon, lui-même, qui mettra un terme aux espoirs de tout les ennemis de l'Ordre du Signe...
C'est David Etien, dessinateur de la série Les Quatre de Baker Street chez Glénat, qui reprend les dessins pour ce cinquième tome du cycle Avant la quête de la série La Quête de l'Oiseau du Temps, une série fondatrice de la fantasy dans le monde du neuvième art, imaginée par un certain Régis Loisel, il y a déjà plusieurs décennies. C'est en tout cas un vrai plaisir de parcourir les planches d'un dessinateur qui a le secret de traits d'une grande finesse, et un sens du mouvement et du cadrage qui sont les bienvenus dans une série de cette trempe.
Ainsi, les personnages sont toujours aussi réussis et attachants, David Etien parvenant à garder la particularité graphique qui fait tout l'attachement à la série. Par ailleurs, certains sous-bois, particulièrement sombres, sont particulièrement réussis, comme ce qu'on avait pu voir dans le second tome, dessiné par Mohammed Aouamri.
Serge Le Tendre, de son côté, maîtrise là encore parfaitement son récit ; la narration est fluide, et il est à noter qu'on retombe parfaitement sur nos pattes, en tant que lecteur, grâce au petit résumé disponible en début de tome : un excellent point, avec une lisibilité soignée qui plus est. On passe d'un endroit à un autre sans que la lecture en soit hachée le moins du monde, et on se surprend à ne pas voir le temps passer, à la lecture de ce nouveau tome.
Un cinquième tome parfaitement réussi, qui permet d'introniser avec succès David Etien dans la série : vivement la suite !