La triste réalité est sur le point de rattraper Jack Jordan, dit Giant, alors que ce dernier est soigné après avoir été rossé par plusieurs individus de la mafia italienne. Giant entretenait une relation épistolaire avec Mary Ann, la femme de Ryan Murphy, ancien collègue de Giant, mort après avoir fait une chute mortelle. Giant n'a jamais osé avouer la vérité à Mary Ann, restée en Irlande avec ses trois enfants, et il s'est mis à apprécier par dessus tout cette relation, en se faisant passer pour le défunt mari. En allant même jusqu'à envoyer de l'argent au pays pour aider la veuve et les trois orphelins.
Mais Mary Ann s'est mise à économiser ce qu'elle pouvait, dans ce que Giant lui envoyait. Elle qui a perdu ses attaches en Irlande s'est mis en tête de retourner auprès de son mari, Ryan Murphy, en payant l'immigration et le voyage pour New-York. Elle a bien écrit pour prévenir, mais la missive en question n'est jamais arrivée à destination, déchirée par une amoureuse éconduite...
A présent, Mary Ann se présente à l'appartement de Giant, avec ses trois enfants, et demande à voir son mari. Un véritable choc pour Giant, qui s'attendait à tout sauf à ça... L'ouvrier, gigantesque, véritable colosse, se retrouve anéanti devant cette vision. Il parvient bien à gagner du temps, parvenant à en parler à ses collègues de travail, et finit par se rendre à l'évidence : il va falloir annoncer la vérité à Mary Ann et ses enfants. Annoncer qu'un mari et un père est mort, il y a plusieurs mois, et que la relation épistolaire ne partait pas d'un mauvais sentiment...
Mikaël, auteur de ce second tome de Giant, qui clôture le diptyque, a le chic pour nous abreuver d'histoires très directes, brutes, comme cela était déjà le cas dans les trois tomes de Promise. Giant, cette série qui paraît chez Dargaud, ne fait nullement exception à la règle : les sentiments sont bien présents, encore une fois dépeints de façon très brute, et c'est bien là que réside tout le génie de cet auteur.
Graphiquement, Mikaël parvient à être très convaincant, très proche du drame humain qui se déroule sous nos yeux, très proche aussi de l'espoir qui est toujours entrevu ici. Les dessins sont fins et nerveux, les visages sont taillés à la serpe, comme cela était déjà le cas dans le premier tome et dans la série Promise, et l'auteur joue de façon admirable avec les cadrages, les rythmes, afin de se passer de dialogues, et ce à plusieurs endroits. Même si on pourra regretter l'absence de la mafia dans cette suite, l'occasion est belle d'admirer toute la force graphique de ce dessinateur, tout en ayant une bonne idée de ce qu'on pu subir les ouvriers qui construisaient ces immenses gratte-ciels, dans les années 20...
Un second tome franchement plaisant et réussi, à la puissance graphique évocatrice, au service d'un récit intéressant et convaincant : vivement la prochaine série de Mikaël !